LES HOMMES FORTS DU BURUNDI SUR LE DEVANT DE LA SCÈNE (Bunyoni et Ndirakobuca)

 

La nomination de Bunyoni et de Ndirakobuca fin juin 2020 a été un choc pour de nombreux Burundais, qui espéraient que lenouveau gouvernement montrerait un visage plus compatissant et introduirait des réformes. La promotion de ces deux symboles de la répression sous Nkurunziza révèle l’héritage du défunt président, ainsi que les calculs que le président Ndayishimiye a dû faire pour garder de son côté les puissants partisans de la ligne dure.

Plusieurs sources ayant des liens étroits avec le parti au pouvoir ont déclaré que début juin, quelques jours avant sa mort, Nkurunziza avait dit au président nouvellement élu Ndayishimiye de nommer des membres spécifiques de haut niveau du parti au pouvoir, dont Bunyoni, à des postes haut placés au sein du gouvernement.
 
Dans les semaines qui ont suivi la mort de Nkurunziza, Ndayishimiye s’est entretenu avec plusieurs généraux du cercle restreint du CNDD-FDD au sujet des nominations ministérielles, dont certaines avaient été proposées par Nkurunziza. Certains des généraux, dont Étienne Ntakarutimana, alias Steve –chef de cabinet militaire à la Présidence et ancien chef du SNR–et Prime Niyongabo –chef d’état-major dela Force dedéfense nationale –se sont opposés aux nominations de Bunyoni et Ndirakobuca. Ndayishimiye leur a expliqué qu’il s’était mis d’accord sur les nominations avec Nkurunziza. Lorsque l’un des généraux a répondu que Nkurunziza était mort et que Ndayishimiye ne lui devait rien, Ndayishimiye aurait insisté sur le fait qu’il ne pouvait pas trahir les souhaits de Nkurunziza et il aurait menacé le général qui l’avait défié.
 
Gabriel Nizigama, chef de cabinet civil à la Présidence, n’a pas accepté une nomination ministérielle dans le nouveau gouvernement parce qu’il refusait de travailler sous les ordres de Bunyoni ; les deux hommes ont une relation tendue.
 
Il y a diverses explications pour lesquelles Ndayishimiye a décidé de suivre les ordres de Nkurunziza même après sa mort. Certains pensent qu’il a été guidé par des considérations pratiques : il peut se protéger et rester au pouvoir en plaçant des hommes influents et redoutés à des postes d’autorité. S’il les écartait, Ndayishimiye pourrait être visé par les réseaux de policiers, d’agents de renseignement et d’Imbonerakureque Bunyoni et Ndirakobuca contrôlent. Certains pensent qu’il a également été incité par la Tanzanie voisine, en particulier par l’ancien président tanzanien Jakaya Kikwete(voir chapitre 5), à s’en tenir à l’accord avec Nkurunziza.
 
De nombreux Burundais ont vu les nominations de Bunyoni et Ndirakobuca, qui sont de proches alliés, aux postes les plus élevés comme une confirmation que le nouveau gouvernement maintenait lestatu quo. «Ces gars (Bunyoni et Ndirakobuca) sont détestés même dans les cercles du CNDD-FDD», a déclaré un diplomate burundais, «mais (leur nomination) est un compromis pour maintenir le système.»
Leur nomination a été dévastatrice pour les victimes de violations des droits humains dont les deux hommes portent la responsabilité. Un réfugié de Bujumbura qui avait été menacé en 2016 par Ndirakobuca –alors qu’il était chef de cabinet chargé des questions de la police à la Présidence –s’est dit choqué d’apprendre la nouvelle : « Ça me hante le cœur, voir des criminels comme ça promus aux postes de ministres... Il n’ya pas d’espoir de rentrer au bercail. Il (Ndirakobuca) peut nous appeler àrentrer et dire qu’il y a la paix et la justice. Mais si c’est lui ou Bunyoni qui est là, ceserait difficile d’y croire.»
 
Une enquête de la Cour pénale internationale sur les crimes présumés commis au Burundi entre le 26 avril 2015 et le 26 octobre 2017 est en cours.26Certaines des violations des droits humains commises au cours de cette période, lorsque Bunyoni et Ndirakobuca occupaient des postes importants au gouvernement, pourraient constituer des crimes contre l’humanité, selon la Commission d’enquête de l’ONU sur le Burundi. (...)
 
 
 Extrait du rapport "Mainmise sur l'avenir du Burundi" publié le 08 décembre 2020 par le Burundi Human rights Initiative.
Lien du rapport : https://burundihri.org/

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