L’homme de main de Ndirakobuca : Kazungu
Ndirakobuca s’est appuyé sur des intermédiaires, des informateurs et des exécutants pour cacher son implication dans des crimes. Il a souvent fait appel à trois hommes pour exécuter ses ordres : l’agent du SNR Joseph Mathias Niyonzima, alias Kazungu, le policier Désiré Uwamahoro (voir « Le bras droit de Bunyoni : Désiré Uwamahoro »), et le policier Jean Marie Vianney Nshimirimana, alias Mutwa, l’un de ses anciens gardes et membre de l’unité de police d’Appui pour la protection des institutions (API). Niyonzima et Nshimirimana ont été cités tous deux dans des cas de violations des droits humains.
Niyonzima est un ancien membre du PALIPEHUTU-FNL qui est ensuite passé aux FDD. Il a été cité en lien avec de nombreux cas d’exécutions extrajudiciaires, de torture et d’autres violations des droits humains lorsqu’il était au SNR. Dans plusieurs cas, il a été personnellement impliqué dans la commission de ces actes ; dans d’autres, il a joué un rôle de premier plan dans leur planification ou leur coordination – parfois en collaboration avec Ndirakobuca ou sur ses ordres. Niyonzima a souvent ensuite donné des ordres à un groupe d’autres agents de sécurité ou à des Imbonerakure de commettre les crimes.
Une source qui connaît personnellement Niyonzima a décrit comment, en 2015, il avait arrêté des personnes qui manifestaient contre le troisième mandat du président Nkurunziza dans les quartiers de Cibitoke, Ngagara et Musaga de Bujumbura. L’UE a imposé des sanctions contre Niyonzima le 1er octobre 2015. Elle a notamment déclaré qu’il avait incité à « des violences et des actes de répression lors des manifestations qui ont débuté le 26 avril 2015 » et qu’il était « responsable d’avoir aidé à former les milices paramilitaires Imbonerakure, à coordonner leur action et à les armer. » Un témoin a décrit comment Niyonzima a transporté des cadavres du siège du SNR à Bujumbura jusqu’à la forêt de la Kibira pour les enterrer : « En avril 2015, (une personne) est venue avec une camionnette à double cabine avec des vitres teintées et sans plaque d’immatriculation. J’ai vu les cadavres de neuf jeunes de Musaga (à l’arrière). » Niyonzima les a jetés dans des fosses qui avaient été creusées auparavant. Le témoin ne connaissait pas l’identité des jeunes, mais a déclaré qu’ils avaient été arrêtés pour avoir manifesté. La plupart semblaient avoir été étranglés et il y avait des indications qu’ils avaient été torturés.
Niyonzima était l’un des nombreux responsables impliqués dans l’organisation du meurtre du général Athanase Kararuza, membre des anciennes Forces armées burundaises (FAB) qui était conseiller à la première vice-présidence. Kararuza, sa femme et l’un de ses gardes ont été tués dans une embuscade tendue par des policiers et des militaires à Bujumbura le 25 avril 2015 ; sa fille est décédée des suites de ses blessures trois jours plus tard. Selon des témoins, Niyonzima est arrivé sur les lieux juste après l’attaque et a tiré sur Kararuza, après que celui-ci avait été abattu par des militaires ou des policiers ; on ne sait pas si Kararuza était déjà mort.
(Extrait du rapport de BHRI "Mainmise sur l'avenir du Burundi" p.38)
Lien du rapport www.burundihri.org
Les images de ce post ne sont pas issus du rapport.
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