Une fin d'année 2018 difficile pour les militants d'Agathon Rwasa

#Ndondeza Au moins six militants du parti FNL dirigé par Agathon Rwasa et un militaire ex-FNL ont été victimes de disparitions forcées entre fin septembre et décembre 2018. Deux victimes, Sylvain Magorwa et Jean-Marie Vianney Nshimirimana ont disparu au lendemain de leur retour d'exil, croyant à l'appel lancé par Pierre Nkurunziza aux réfugiés burundais de rentrer au bercail. Deux victimes ont disparu après leur arrestation par le chef du Service National de Renseignement en province Cankuzo, Bonaventure Niyonkuru, qui s'est particulièrement illustré dans la traque des militants du FNL sur cette période. Parmi les victimes, on compte également deux élus locaux de la commune Muha et un militaire attaché à l'Etat-major général de l'armée. Comme d'habitude, ces disparitions forcées ont été suivies du silence et de l'inaction des autorités burundaises.

Sylvain Magorwa, 38 ans, enseignant à l'ECOFO Gikonko, militant de langue date des FNL, avait fui le Burundi en 2015 à la suite de menaces qu'il aurait reçues du responsable du CNDD-FDD en commune Mishiha. Dès la première nuit de son retour au pays, le 29 septembre 2018, sa maison a été encerclée par des miliciens Imbonerakure. Il a été arrêté le lendemain, 30 septembre, détenu et torturé au chef-lieu de la commune Mishiha avant d'être remis à Bonaventure Niyonkuru, chef du SNR en province Cankuzo. Depuis cette remise, Sylvain Magorwa et une personne non identifiée qui l'avait accompagné depuis la Tanzanie n'ont jamais été retrouvés.

Jonas Mugara, responsable du FNL en commune Gisagara, en même temps gestionnaire du centre de santé de Rusigabangazi, a été arrêté le 21 octobre 2018 au chef-lieu de la commune Cendajuru alors qu'il venait de Cankuzo. Tabassé par des Imbonerakure et détenu brièvement au cachot de Cendajuru, Jonas Mugara a été remis, le même jour, à Bonaventure Niyonkuru qui l'aurait, à son tour, détenu à sa résidence à Cankuzo, avant de l'emmener à une destination jusqu'ici inconnue. Agé de 36 ans, père de deux enfants, Jonas Mugara est jusqu'ici introuvable.

Jean-Marie Vianney Nshimirimana, plus connu sous le sobriquet de "Kabazi" à l'Université du Burundi et celui de "Rupfu" chez lui à Nyabiraba, était réputé pour son opposition au troisième mandat de Pierre Nkurunziza. Alors responsable de la jeunesse du FNL en commune Nyabiraba, il avait organisé à Nyabiraba de fortes manifestations populaires contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza en 2015, ce qui lui a valu une haine et une traque innterrompue du SNR. Enlevé pour la première fois en 2016, il avait été secrètement détenu au SNR avant d'être libéré grâce au plaidoyer d'un député. Sorti de prison, le jeune homme s'était rapidement enfui en Tanzanie. Revenu au pays à la mi-octobre, Jean-Marie Vianney Nshimirimana a été enlevé le 31 octobre 2018 à Mutanga Nord, par des hommes en tenue de police. Agé de 33 ans, étudiant mémorand en Histoire, JMV Nshimirimana est depuis introuvable.

Ferdinand Muterateka (31 ans), mobilisateur politique du FNL, Theogene Nsengiyumva (36 ans), élu communal de Muha, et Jean-Berchmans Ntakarutimana, élu collinaire de Masama dans la zone urbaine de Kanyosha, ont été enlevés le 16 novembre 2018 alors qu'ils partagaient un verre à Kanyosha. Au cours de la journée de leur disparition, ces trois militants du FNL avaient reçu beaucoup d'appels d'un agent du SNR selon les relevés téléphoniques dont le FOCODE a pu se procurer et ils ont été enlevés par des personnes dont certaines en tenue de police, à bord de deux voitures Toyota TI (mode opératoire habituel du SNR).

Ces sept cas de disparitions forcées sont détaillés dans une déclaration de la Campagne NDONDEZA à retrouver sur le lien http://ndondeza.org/sept-militants-fnl/

En 2018, la Campagne Ndondeza a minutieusement documenté 48 cas de disparitions forcées dont 28 survenus en 2018, ce qui est un record pour une même année d'enquête. Il est clair: même s'il y a un semblant de calme, la répression contre l'opposition a pris une ampleur plus élevée en 2018.