Burundi : Disparition forcée de Monsieur Dieudonné Gahungu

Dieudonné Gahungu. 43 ans, marié et père de deux enfants, technicien employé à l'Office national des télécommunications ONATEL. Il avait osé quitter le CNDD-FDD en 2010 pour adhérer au FNL d'Agathon Rwasa. Pour le CNDD-FDD, c'était une grave trahison, Dieudonné en a payé par des mutations intempestives, loin de sa famille, à Kayanza et Kirundo avant de revenir à Ngozi. En 2015, il était sur la liste des candidats députés de la Coalition Amizero y'Uburundi à Ngozi; il n'a pas été retenu pour siéger à Kigobe, il est resté technicien de l'ONATEL à Ngozi.

Dès janvier 2016, il a informé ses proches et ses amis qu'il était gravement menacé par l'administrateur de Ngozi Radjabu Songambere et qu'il était constamment filé par des agents du SNR. Depuis, il avait adopté des règles de sécurité strictes: il devait rentrer à la maison entre 17 heures et 18 heures, tantôt sur sa moto de service tantôt à pieds.

Le 17 juin 2016, il a vaqué normalement à ses occupations à l'ONATEL. Vers 15 heures, il a passé au bureau de son épouse. Mais à 17 heures, il n'était plus joignable, son téléphone était éteint. Pour toujours. Entretemps, selon un témoignage obtenu par le FOCODE, il avait passé au Sauna "Sangwe" sis au chef-lieu de Ngozi, non loin de la station-service Engen. C'est là que des agents du SNR l'auraient trouvé, l'auraient arrêté manu militari sans même lui laisser le temps de remettre ses vêtements. Ils l'auraient emmené, de même que sa moto de service, au bar sis à Vyegwa chez le Colonel Dominique Nyamugaruka, commandant de la BSPI (Garde présidentielle). Le bar a déjà été cité dans plusieurs autres cas de disparitions à Ngozi.

Des proches l'ont cherché dans les cachots et prisons de Ngozi, Gitega et Bujumbura, mais en vain. Au bureau du SNR Ngozi , ils ont reçu une réponse autant pleine de moquerie que révélatrice: « Ari kumwe n’abari mw’ishamba kandi yagiye yivye igihugu » ; ce qui se traduit : « Il est avec ceux qui ont rejoint le maquis et il est parti avec un bien public ». La famille a été menacée et rançonnée à hauteur de 200.000 francs burundais. Dieudonné Gahungu reste introuvable depuis le 17 juin 2016. L'ONATEL s'est tu et n'a rien fait pour retrouver son employé et sa moto. La police nationale et la justice burundaise, de même. La CNIDH est restée muette comme d'habitude. Voilà une autre raison qui justifie la pertinence d'une enquête de la CPI au Burundi.

L'intégralité du rapport du Focode Asbl se trouve sur le lien http://ndondeza.org/dieudonne-gahungu/ 

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