Burundi : disparition forcée de Joseph Nsabimana

Joseph Nsabimana. Les manifestants de Cibitoke et Ngagara l'avaient surnommé "Commissaire". Il avait joué un rôle de premier plan dans l'encadrement des manifestations contre le troisième mandat de Nkurunziza dans la zone urbaine de Cibitoke, il assurait la logistique de la manifestation. 35 ans et célibataire, plombier de formation, Joseph Nsabimana était militant du parti MRC-Rurenzangemero alors dirigé par feu Colonel Epitace Bayaganakandi.

Selon ses proches, dans l'après-midi du dimanche 13 décembre 2015, Joseph a reçu un appel téléphonique de deux anciens manifestants de Cibitoke qui lui proposaient de partager un verre au Bar "Maison Blanche" à Ngagara quartier III. A ce moment-là, Joseph Nsabimana ne savaient pas que ses deux anciens frères de lutte (dont Bruce Tuyisabe) avaient changé de camp. A son arrivée sur le lieu du rendez-vous, Joseph est tombé dans le filet d'un groupe de policiers conduits par le Brigadier Jonas Ndabirinde de la garde présidentielle. Rapidement attrapé, jeté à l'arrière d'un pick-up de la police qui a fait un tour dans le quartier comme pour exhiber "sa trophée", Joseph Nsabimana n'a plus fait signe de vie depuis deux ans.

Puis s'en est suivi un long calvaire pour la famille de Joseph. Des proches de la victime ont fait le tour dans tous les cachots officiels et dans toutes les morgues de Bujumbura, mais en vain. La famille a payé une somme de 550.000 francs burundais à trois personnes qui se présentaient comme des émissaires de Jonas Ndabirinde mais Joseph n'a jamais été remis. La famille s'est adressée à la commission nationale indépendante des droits de l'homme qui a juste répondu poliment qu'elle n'avait trouvé Joseph Nsabimana dans aucun cachot; la Commission n'a même pas inscrit Joseph sur la liste des personnes portées disparues dans son rapport annuel de 2015. Tharcisse Nkunzimana, petit frère de Joseph Nsabimana, a à son tour été traqué par des Imbonerakure, des policiers et des administratifs à la base de la zone Cibitoke; il a dû se cacher pendant près de deux ans avant de fuir le Burundi en août dernier.

La police et la justice burundaises n'ont rien fait pour retrouver Joseph Nsabimana ni châtier ses ravisseurs. Une preuve supplémentaire pour justifier l'ouverture d'une enquête de la CPI sur le Burundi. Le Focode Asbl salue l'ouverture de cette enquête et publiera ces deux semaines plusieurs dossiers de disparitions forcées pour souligner la pertinence de l'enquête de la Cour Pénale Internationale.

Le rapport sur la disparition forcée de Joseph Nsabimana est publié en intégralité sur le lien http://ndondeza.org/joseph-nsabimana/

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