Le héros de l'indépendance du Burundi est mort à 29 ans. Un appel à la jeunesse burundaise.

56 ans déjà.
Le 13 octobre 1961 était assassiné le Premier Ministre du Burundi, Son Altesse Royale le Prince Louis Rwagasore. Il n'avait que 29 ans.


A 24 ans, en 1956 alors qu'il rentrait de ses études en Belgique, il avait commencé sa carrière politique en proposant un projet de "Constitution murundi", rapidement rejeté par la puissance tutélaire belge.
A 25 ans, à partir de 1957, le prince Rwagasore avait initié deux coopératives de commerce et de consommation qui RASSEMBLAIENT les différentes composantes de la société burundaise. Les coopératives ont été combattues par l'autorité tutélaire.
A 26 ans, en 1958, il avait créé le Parti nationaliste UPRONA qui allait conduire le Burundi à l'indépendance et qui RASSEMBLAIT les composantes sociales du Burundi. Rapidement, les autorités de l'époque, sous divers prétextes, lui ont interdit de diriger son parti: il s'était alors contenté de la position de Conseiller Général du parti. A plusieurs reprises, il a échappé à des tentatives d'assassinat en raison de ses convictions politiques et de sa lutte patriotique.
A 28 ans, du 27 août au 09 décembre 1960, le Prince Rwagasore avait été placé en résidence surveillée à Bururi, le temps de l'organisation des éléctions communales que l'UPRONA a alors perdues.
A 29 ans, en septembre 1961, il devint Premier Ministre du Royaume du Burundi après la victoire écrasante de son parti aux législatives du 18 septembre 1961. Il fut assassiné, 25 jours seulement après cette victoire.


Le jeune prince a fait de la politique pour sauver son pays, le pouvoir de l'époque a voulu l'en empêcher en prétextant qu'un membre de la famille royale n'avait pas ce droit. La réalité est que le pouvoir avait peur de ce jeune patriote. Ce jeune a protesté pacifiquement contre le pouvoir de l'époque en organisant le boycott des produits européens. Pour cela et pour d'autres raisons, le pouvoir l'a taxé de communiste dangereux à abattre. Ce jeune a demandé à l'ONU d'intervenir pour organiser et superviser de vraies élections en 1961. L'ONU est venue, cela a permis de sauver l'indépendance du Burundi. Face à l'engagement de ce jeune patriote qui souhaitait une démocratie qui RASSEMBLE tous les burundais, le pouvoir a créé des partis politiques à connotation ethnique. Le pouvoir qui avait exclu les hutu de la vie publique s'est transformé en défenseurs des hutu pour saboter le combat nationaliste de Rwagasore. Mais Rwagasore RASSEMBLAIT les hutu, les tutsi, les ganwa et les twa autour d'un idéal patriotique.

Ce message s'adresse à la jeunesse burundaise de toutes les tendances. 56 ans après l'assassinat de Rwagasore, la jeunesse burundaise doit se réveiller pour sauver la Patrie. Encore une fois, le pouvoir en place, sous divers prétextes dit que certains d'entre nous ne devraient pas s'occuper des affaires publiques parce qu'ils lui font peur. Encore une fois, le pouvoir accuse les jeunes d'être des terroristes ou des insurgés parce qu'ils protestent contre les injustices et demandent le respect de la constitution. Encore une fois le pouvoir nous taxe d'être des traîtres à la Nation parce que nous demandons à l'ONU d'intervenir pour protéger le peuple burundais contre une tyrannie sanguinaire. Encore une fois, le pouvoir qui tue des hutu et des tutsi depuis 2005 se transforme en défenseurs des hutu pour casser le mouvement citoyen qui défend la Constitution et l'Accord d'Arusha. Encore une fois, le pouvoir en place refuse à des leaders de diriger leurs partis, les emprisonne, les exile ou les tue. Encore une fois,le pouvoir tyrannique ne veut pas entendre d'un mouvement citoyen qui transcende les divisions ethniques et politiques.

En avril 2015, des jeunes de l'âge de Rwagasore (de 20 ans à 35 essentiellement) ont manifesté des mois durant pour dire NON au projet anti-patriotique de Pierre Nkurunziza. Comme Rwagasore, ils défendent la dignité nationale et se déclarent SINDUMUJA ("je ne suis pas esclave"). Nombre de jeunes et de moins jeunes ont été assassinés pour cet idéal, comme Rwagasore. Mais nous n'avons pas le droit d'abandonner la lutte. Nous n'avons plus le choix de la peur. Restons déterminés, quelle que soit la longueur de cette nuit, jusqu'au nouveau jour: celui de l'émergeance d'un Burundi démocratique qui respecte les droits fondamentaux de chaque citoyen. Ce jour-là nous chanterons à l'unissons "Burundi BWACU", nous célébrerons "un Burundi de tous les burundais" qui n'osera plus qualifer ses enfants "d'ennemis de la patrie", de "chiens errants" (mujeri), etc. Ce jour-là, Rwagasore le patriote sera fier de nous.


Paroles du Prince le 19 septembre 1961:

"Il faut surtout que les habitants du Burundi se sentent en paix et en sécurité, que personne ne se croit menacé et que chacun ait confiance dans la protection du Gouvernement. (...) Le peuple murundi vient de faire son choix et nous n’avons pas le droit de le décevoir en exerçant le pouvoir qu’il nous a délégué pour assouvir nos rancoeurs ou notre orgueil. Nous lui devons au contraire, de nous servir de ce pouvoir pour rassurer tous les hommes, augmenter le nombre de nos amis et apaiser les querelles entre Barundi. (...) A cette heure de la victoire du Parti, fût-il le mien, je ne suis pas grisé par le succès, car pour moi et mes amis, la véritable victoire ne sera atteinte qu’après l’accomplissement d’une tâche difficile mais exaltante ; un Burundi paisible, heureux et prospère."

Souvenons-nous: il n'avait que 29 ans !

Pacifique Nininahazwe, 13 octobre 2017.

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