Genève : la société civile burundaise plaide pour les réfugiés burundais auprès du HCR


Pacifique Nininahazwe, Carine Kaneza et Lambert Nigarura
Une petite délégation de la société civile burundaise a été reçue mercredi matin au siège du HCR (l'agence onusienne pour les réfugiés) à Genève en Suisse. Pacifique Nininahazwe (Focode Asbl), Carine Kaneza (Barundikazi Mffps) et Lambert Nigarura Lambert (CB-CPI) ont mené un plaidoyer sur la sécurité des réfugiés burundais dans les pays de la sous-région. Un certain nombre de points ont été soulevés:

1. La délégation de la société civile a demandé une enquête indépendante sur le massacre de Kamanyola qui a emporté les vies d'une trentaine de réfugiés burundais à l'Est de la république démocratique du Congo le week-end dernier. Le HCR a signifié à la délégation qu'il avait condamné ce massacre et qu'il allait envoyer urgemment aux autorités congolaises une lettre demandant une enquête crédible et que la MONUSCO avait déjà fait de même. Le HCR a signalé que les réfugiés étaient provisoirement installés près d'un camp de la MONUSCO et qu'il comptait les relocaliser à Mulongwe. Le HCR a également indiqué que les quatre personnes arrêtées vendredi n'allaient pas être extradées au Burundi mais qu'elles seront installées dans le camp de Lusenda. La délégation de la société civile a insisté sur la nécessité d'une enquête indépendante au regard de la collaboration évidente entre des éléments des services de sécurité burundais et ceux de l'Est de la RDC dans la maltraitance des réfugiés burundais. La délégation a également évoqué les cas de réfugiés burundais injustement détenus dans les prisons d'Uvira et Bukavu.

2. La délégation de la société civile a dénoncé les pressions sur les réfugiés burundais en Tanzanie en vue de les forcer à rentrer après le passage de Pierre Nkurunziza en juillet dernier. La délégation a signalé que des miliciens Imbonerakure ont infiltré des camps de réfugiés en Tanzanie, créent du désordre et du tapage en réclamant de retourner au Burundi. La délégation a demandé que le HCR mette toutes les garanties pour que seuls ceux qui veulent rentrer soient facilités dans leur volonté de retourner et que ceux qui ne veulent pas rentrer soient bien protégés dans les camps. Le HCR a signalé qu'elle était en train de vérifier les listes de ceux qui veulent rentrer et que ceux derniers étaient évalués à environ huit mille personnes, soit 0,7 % des réfugiés burundais en Tanzanie. Le HCR a assuré qu'elle continuera à soutenir et à protéger les vrais réfugiés.

3. La délégation de la société civile a soulevé la question de la diminution et de l'insuffisance de la nourriture fournie aux réfugiés en Tanzanie. Le HCR a répondu que cela n'avait aucun lien avec les pressions pour faire rentrer les réfugiés, mais plutôt que le HCR faisait face à l'insuffisance des moyens financiers; occasion donc de faire un appel aux différents donnateurs. La société civile a également transmis les craintes des ex-militaires burundais regroupés à Nyarugusu qui, depuis quelques semaines, font face à une procédure administrative inhabituelle. Le HCR a promis de suivre de près le cas.

4. La délégation de la société civile a évoqué les nouvelles menaces sur des familles des victimes de disparitions forcées et sur les familles des défenseurs de droits humains réfugiés dans certains pays de la sous-région, notamment en Ouganda. Ici, la délégation de la société civile a proposé la réinstallation dans d'autres pays pour les personnes de nouveau ménacées par des miliciens Imbonerakure ou des agents du SNR dans leurs pays d'asile. Le HCR a signalé que la question de la réinstallation est quelque peu difficile pour les burundais mais que ces situations de nouvelles menaces peuvent être analysées au cas par cas.

5. La délégation de la société civile a enfin soulevé la difficulté d'obtention des titres de voyage pour les réfugiés burundais au Rwanda et dans d'autres pays. Le HCR a promis de discuter la question avec les autorités de ces pays pour trouver une solution, quand des réfugiés ont réellement besoin de voyager.

La rencontre s'est très bien déroulée et la promesse de maintenir le contact a été exprimée.

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