Burundi: Disparition forcée de Jasper Arakaza, un jeune de Mutakura
Une
année et neuf mois. La famille de Jasper Arakaza attend son retour
depuis le 26 décembre 2015. Ce jour-là, aux alentours de 13 heures, il a
répondu à un rendez-vous d'Emmanuel Niyongabo, ancien administrateur de
la commune urbaine de Cibitoke (2010-2015) réputé très proche des
Imbonerakure et du SNR, très engagé dans la répression contre le
troisième mandat de Pierre Nkurunziza. Le rendez-vous avait lieu au bar
d'Emmanuel Niyongabo sis au quartier Twinyoni à Kamenge. En dépit des
réticences de sa famille, Jasper Arakaza voulait se réconcilier avec
celui qu'il considérait comme "son ami". Quelques jours plus tôt, une
grenade avait éclaté au bar d'Emmanuel Niyongabo alors que Jasper
Arakaza venait de le quitter; rapidement et sans enquête, Emmanuel et
ses amis ont conclu que la grenade était lancée par Jasper. Le seul
fondement de ce soupçon était le fait que Jasper Arakaza résidait à
Mutakura, un bastion de la contestation.
Pourtant, Jasper Arakaza ne s'intéressait pas à la politique et n'avait jamais manifesté contre le troisième mandat de Nkurunziza. Il était retourné au pays à quelques mois du début des manifestations après un séjour de 10 ans en Afrique du Sud. Il avait quitté le Burundi à 18 ans et ne maitrisait pas les évolutions politiques du pays pendant son absence. Ses proches avaient tenté de le dissuader de cette amitié avec un personnage dangereux: Emmanuel Niyongabo, alors administrateur civil de Cibitoke, aurait porté l'uniforme de polie et un fusil pour tirer sur des manifestants. Jasper ne voyait aucun inconvénient à cette amitié puisqu'il était politiquement neutre. Il ne savait pas que tout jeune d'un quartier contestataire qui refuse d'adhérer à la milice Imbonerakure est considéré comme un opposant à Nkurunziza.
La famille de Jasper Arakaza souffre du phénomène de disparitions forcées depuis 45 ans. En 1972, son grand-père a répondu à une convocation en promettant de retourner rapidement à la maison, il n'est jamais revenu. Le 26 décembre 2015, Jasper Arakaza a promis à sa maman et à sa fiancé qu'il allait revenir rapidement juste après sa rencontre avec Emmanuel Niyongabo, il n'est toujours pas revenu. Des menaces graves pèsent sur sa famille, en plus d'un niveau record de rançon: la famille a payé au moins sept millions sept mille francs burundais (7.700.000 BIF) à des agents de la police et du SNR qui promettaient de faciliter la libération de Jasper. La résidence de ses parents a souvent été soumise aux fouilles-perquisitions de la police qui chercherait des armes, son père est détenu depuis plusieurs mois à la prison centrale de Mpimba.
Jasper Arakaza avait 30 ans et projetait son mariage dans les premiers mois de 2016. C'était un jeune homme très gentil et très jovial qui faisait rire tout le monde. Beau gosse aussi. Il a laissé une fillette, Tabitha, de quelques mois. Son costume de mariage reste suspendu dans la maison qu'il comptait occuper avec l'élue de son coeur. Ce dossier NDONDEZA publie également le témoignage de la soeur de Jasper Arakaza, la journaliste Iradukunda Hortence sur ses cauchemars et son traumatisme depuis la disparition forcée de son frère; une souffrance que partagent tous les proches des disparus.
Focode Asbl demande à la CPI d'ouvrir rapidement son enquête sur les crimes contre l'humanité en cours au Burundi depuis avril 2015.
L'intégralité de l'enquête du FOCODE sur cette nième disparition forcée est en ligne sur http://ndondeza.org/jasper-arakaza/
Pourtant, Jasper Arakaza ne s'intéressait pas à la politique et n'avait jamais manifesté contre le troisième mandat de Nkurunziza. Il était retourné au pays à quelques mois du début des manifestations après un séjour de 10 ans en Afrique du Sud. Il avait quitté le Burundi à 18 ans et ne maitrisait pas les évolutions politiques du pays pendant son absence. Ses proches avaient tenté de le dissuader de cette amitié avec un personnage dangereux: Emmanuel Niyongabo, alors administrateur civil de Cibitoke, aurait porté l'uniforme de polie et un fusil pour tirer sur des manifestants. Jasper ne voyait aucun inconvénient à cette amitié puisqu'il était politiquement neutre. Il ne savait pas que tout jeune d'un quartier contestataire qui refuse d'adhérer à la milice Imbonerakure est considéré comme un opposant à Nkurunziza.
La famille de Jasper Arakaza souffre du phénomène de disparitions forcées depuis 45 ans. En 1972, son grand-père a répondu à une convocation en promettant de retourner rapidement à la maison, il n'est jamais revenu. Le 26 décembre 2015, Jasper Arakaza a promis à sa maman et à sa fiancé qu'il allait revenir rapidement juste après sa rencontre avec Emmanuel Niyongabo, il n'est toujours pas revenu. Des menaces graves pèsent sur sa famille, en plus d'un niveau record de rançon: la famille a payé au moins sept millions sept mille francs burundais (7.700.000 BIF) à des agents de la police et du SNR qui promettaient de faciliter la libération de Jasper. La résidence de ses parents a souvent été soumise aux fouilles-perquisitions de la police qui chercherait des armes, son père est détenu depuis plusieurs mois à la prison centrale de Mpimba.
Jasper Arakaza avait 30 ans et projetait son mariage dans les premiers mois de 2016. C'était un jeune homme très gentil et très jovial qui faisait rire tout le monde. Beau gosse aussi. Il a laissé une fillette, Tabitha, de quelques mois. Son costume de mariage reste suspendu dans la maison qu'il comptait occuper avec l'élue de son coeur. Ce dossier NDONDEZA publie également le témoignage de la soeur de Jasper Arakaza, la journaliste Iradukunda Hortence sur ses cauchemars et son traumatisme depuis la disparition forcée de son frère; une souffrance que partagent tous les proches des disparus.
Focode Asbl demande à la CPI d'ouvrir rapidement son enquête sur les crimes contre l'humanité en cours au Burundi depuis avril 2015.
L'intégralité de l'enquête du FOCODE sur cette nième disparition forcée est en ligne sur http://ndondeza.org/jasper-arakaza/
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