Burundi : Disparition forcée de Boris Sinagaye, un jeune de Musaga

Deux jeunes de Musaga, Boris Sinagaye et Derrick Banzubaze ont été arrêtés le 23 mars 2016 par le chef de la PAFE à Ruhwa en commune Rugombo et province de Cibitoke. Remis au BPP1 Désiré Nimbona, brigadier de corps au poste de la police à Rugombo, les deux jeunes ont été détenus dans la journée au cachot communal de Rugombo. Dans la soirée, ils ont été sortis du cachot et conduits au bureau du SNR à Cibitoke par Jovith Butoyi, alors chef provincial du SNR à Cibitoke (actuellement affecté à Rutana). La même nuit, Jovith Butoyi les aurait transférés au SNR à Bujumbura. Curieusement, Boris Sinagaye n'a jamais été retrouvé, seul Derrick Banzubaze a été présenté au Procureur le 05 avril 2016 et écroué à la prison centrale de Mpimba. Jovith Butoyi n'a jamais voulu s'exprimer sur le sort de Boris Sinagaye, aucune autorité burundaise ne veut fournir la lumière, la justice burundaise n'a organisé aucune poursuite de cette disparition forcée.

En plus d'une longue recherche infructueuse de leur fils dans les cachots officiels, la famille de Boris Sinagaye a été rançonnée par un officier de la police nationale et un employé du SNR qui promettaient de faciliter la libération de Boris Sinagaye ou de lui fournir de la nourriture là où il serait détenu au SNR. La famille a fini par apprendre que Boris Sinagaye n'était pas au SNR. Où est-il depuis la nuit du 23 au 24 mars 2016 ? Deux hypothèses circulent: soit Boris a été exécuté au cours de son transfert à Bujumbura, soit il a été achevé au cours de la torture à Bujumbura. Le Focode Asbl n'est en mesure de confirmer aucune de ces hypothèses. Rongée par le chagrin, la maman de Boris Sinagaye a succombé à la fin de juillet 2017.

30 ans, Boris Sinagaye était un garçon très sympathique, calme, réservé, paisible et très gentil. A la fin de ses études secondaires, il n'avait pas pu aller à l'université à cause de déficiences oculaires. Entretemps, il s'était converti en photographe-cameraman des évenements familiaux. Il a été arrêté alors qu'il se rendait au Rwanda pour des soins ophtalmologiques. Il espérait reprendre ses études juste après. Boris Sinagaye ne militait dans aucun parti politique.

La disparitions forcée de Boris Sinagaye est une illustration du constat fait récemment par le rapport final de la Commission indépendante d'enquête sur le Burundi: "les conditions d’arrestation et de détention au Burundi favorisent les disparitions forcées. La Commission a reçu plusieurs témoignages faisant état de personnes ayant disparu après avoir été appréhendées par des membres du service national de renseignement et/ou de la police (…). Dans certains cas, des membres du service national de renseignement ou de la police ont demandé des rançons aux proches des personnes disparues."


FOCODE demande la traduction en justice de Jovith Butoyi et de toute autre personne qui aurait joué un rôle dans cette disparition forcée dont:
- Le chef de poste de la PAFE à Ruhwa au 23 mars 2016 ;
- Monsieur Jean-Baptiste HABUMUREMYI alias « Mpagaze », chef de poste de la police à Rugombo au 23 mars 2016 ;
- BPP1 Désiré NIMBONA , brigadier de corps au poste de la police de Rugombo ;
- L' officier de la police nationale et l'employé du SNR qui auraient rançonné la famille de Boris Sinagaye en promettant de le nourrir et de faciliter sa libération.

Trouvez l'intégralité de l'enquête NDONDEZA sur la disparition forcée de Boris Sinagaye sur le lien http://ndondeza.org/boris-sinagaye/

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