"Sinzi ivyo ndimwo" ou la dernière opération d'un Imbonerakure.


Famili Ngendakuriyo avait servi dans beaucoup d'opérations du SNR. Il était fier, courageux, puissant. Il aimait la vie. Le 03 août 2015, il a reçu la mission de tirer sur Pierre-Claver Mbonimpa et il l'a fait même si "Mutama National" n'en est pas mort. Trois mois plus tôt, sa photo, en tenue militaire alors qu'il tirait à balles réelles sur des manifestants de Mutakura, avait fait le tour des réseaux sociaux. Parmi ses amis, il était devenu presqu'un héros: il cassait du "Mujeri", il était le meilleur des militants de "Mutama Nkurunziza". Pourtant, début septembre 2015, il ne savait plus à quel saint se vouer. Il sentait sa mort venir et sollicitait le secours de Pierre Claver Mbonimpa sa victime. Il a finalement réalisé que celui qu'il prenait pour ennemi à abattre, c'était plutôt lui le véritable ami des mauvais jours. Malheureusement, Mbonimpa était si loin, sur un lit d'hôpital et ne pouvait rien pour le sauver. Le 30 septembre 2015, il a été abattu par balles à Kinama. La police lui a juste réservé un tweet. C'était sa dernière opération.
Le 25 mai 2017, Eddy Uwimana, milicien imbonerakure très actif de Musaga, a reçu un appel de son collègue Pascal Minani alias Mabiya: une opération très importante l'attendait et il devait recevoir les instructions à la barrière municipale de Kanyosha. La barrière était tenue par deux Imbonerakure qu'il connaissait très bien: Mabiya et Samson Manirambona. Arrivé sur les lieux, Eddy Uwimana a appris qu'il devait appeler son ami et collègue Aimé-Aloys Manirakiza alias "Musaga" parce que l'opération était commune. Aussitôt que "Musaga" est arrivé, les deux miliciens ont été ligotés et remis au Brigadier Jonas Ndabirinde de la garde présidentielle. Musaga et Eddy étaient très puissants à Musaga: ils avaient le pouvoir de dénoncer, d'arrêter, de voler et de tuer. Ils étaient les bras droits du Major Pascal Minani alias "Mababa", commandant du Camp Muha et coordinateur de la répression dans les quartiers sud de la ville de Bujumbura. Ils étaient également très liés au Maire Freddy Mbonimpa et au député Lewis Niyongabo. L'avenir était prometteur. La "grande opération" du 25 Mai 2017 s'est révélée n'être qu'un guet-apens: ils auraient été conduits au camp de l'API (unité d'appui à la protection des institutions) à Ngagara Q.9 et auraient été exécutés dans la nuit. Le sort de leurs corps n'a pas été élucidé: soit incinérés, soit jetés dans une longue fosse "chez sebatutsi" à Kanyosha, selon les sources. Leurs familles sont restées dans la tourmente, l'épouse de "Musaga" est ardemment recherchée et menacée de mort. Il importe de signaler ici qu'une semaine avant la disparition de Musaga et eddy, trois de leurs collègues avaient été tués à la grenade: Audifax Ndayizeye, Cédric Kwizera et Ligan Harerimana.
Chaque Imbonerakure devait tirer une leçon de ces situations: il y aura une dernière opération, ce sera celle de son assassinat. Nkurunziza ne badinera pas en laissant des témoins gênants. A bon entendeur, salut !
Cliquez sur http://ndondeza.org/aime-aloys-manirakiza/ et lisez l'enquête du FOCODE sur la disparition forcée d'Aimé-Aloys Manirakiza, plus connu sous le pseudonyme d'Aimé Arakaza alias Musaga. #NDONDEZA.
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