Adolphe Nshimirimana, 2 ans déja: héros et bourreau à la fois.
Adolphe Nshimirimana, 2 ans déjà. Un homme des paradoxes, héros et bourreau. Il a refusé la justice aux autres, le régime Nkurunziza la lui refuse aussi. Il y a 2 ans, j'ai publié un texte le jour de son enterrement que je reproduis ici. Je comprends la douleur immense de ses proches, je donne un écho aux cris de ses nombreuses victimes.
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D'où vient en effet la tenue militaire qu'il portait le 29 juin 2015? L'homme portait rarement une tenue militaire, détaché comme Chargé de missions à la présidence de la République il n'avait plus de fonction qui explique une tenue militaire. Curieusement, le jour de la mascarade des législatives, il a été voter à Kamenge dans une tenue inconnue de l'armée nationale burundaise. Une belle uniforme taillée sur mesure, des bottines très souples de couleur beige. Seul le béret était burundais, mais pas porté à la burundaise. Quel message voulait-il donner ce jour-là? A quelle armée appartenait-il en réalité? A une armée ou à un groupe armé? Les généraux ont-ils le droit de porter une tenue non officielle? Malheureusement, il n'y aura jamais de réponses à ces questions comme il n'a jamais été possible qu'il comparaisse en justice sur le dossier de l'assassinat d'Ernest Manirumva, sur le dossier des massacres de Gatumba, sur les nombreux dossiers d'exécutions extrajudiciaires des militants de l'opposition, sur le dossier de l'assassinat des trois soeurs italiennes. Il n'y a même pas de dossiers sur l'incendie du marché central de Bujumbura ou sur les exécutions des manifestants anti-troisième mandat. A lui seul il était la terreur et la loi.
Je garde jalousement et douloureusement un message que j'ai reçu d'une maman en détresse un jour après le drame du 1er juillet à Mutakura: "...ntiyari bwice amahasa, ariko arya azomuhumira" (il n'avait pas encore tué des jumeaux, mais ceux-là seront une malédiction pour lui). Sans enquête, on ne peut rien confirmer mais ces mots m'ont semblé prémonitoires juste un mois plus tard.
Personne sur terre ne mérite la mort ignoble qui l'a emporté. Aucun enfant du Burundi ne devrait voir son père disparaitre de cette manière-là, aucune femme ne devrait perdre son mari aussi inhumainement. A mon avis, il s'est courageusement sacrifié pour la Patrie, il a aussi gravement trahi la Patrie. Seul Dieu, le Très juste, est désormais son juge.
Je condamne son assassinat, je regrette qu'il part sans être jugé.
#Sindumuja
P.S: J'apprends qu'il y a un autre Lieutenant-Général, Vincent Niyungeko, dernier ministre de la défense sous Buyoya et Ndayizeye.
Pacifique Nininahazwe, 22 août 2015
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