Burundi : Disparition forcée de Madame Belyse Ntakarutimana

#Burundi #Ndondeza Belyse Ntakarutimana n'avait que 32 ans, elle était mère célibataire d'une fillette de 7 ans. Elle avait à peine terminé l'école primaire, elle vendait du charbon de bois pour les ménages (amakara) à Mutakura. Les voisins parlent d'une jeune femme très courageuse, très dynamique et très gentille: elle pouvait s'occuper de tous les bébés de la parcelle quand il n'y avait plus de nounous. Tant qu'elle était là, toutes les mamans étaient rassurées. Et quand elle a disparu, les voisines se sont occupées de sa fillette; elles ont dû la placer dans un orphelinat car elle était traumatisée quand elle voyait des militaires. Ces militaires qui avaient brutalisé sa maman et l'avaient emportée pour toujours le 16 janvier 2016.

Belyse Ntakarutimana était une militante du parti de l'opposition MSD. Elle animait les rencontres du parti par sa voix exceptionnelle. Elle avait pris une part très active dans les manifestations contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza à Mutakura, elle n'aurait raté aucun jour de la manifestation, elle l'avait animée des chants patriotiques. Rien que pour cela, elle était la cible du renseignement burundais. Son nom était évoqué dans des réunions des services de sécurité, notamment dans la réunion tenue le 14 janvier 2016 au Mess de Bujumbura par le Ministre de la Défense Nationale et le Chef d'Etat-Major Général de l'armée à l'endroit des officiers de Bujumbura. Le 16 janvier 2016, à 3 heures du matin, des militaires d'une position sise à la 3ème avenue de Mutakura conduits par le Capitaine Prudent Ntezimana, ont perquisitionné sa maison, l'ont brutalisée dans sa chambre et l'ont arrêtée nuitamment. Après un court moment à la position de la 3ème avenue Mutakura, elle a été remise à feu Lieutenant-Colonel Darius Ikurakure. Personne n'a revu Belyse Ntakarutimana.

Le FOCODE dénonce par cette occasion la confiscation de certains biens des exilés et des victimes de la répression par les services de sécurité. La position militaire à la troisième avenue de Mutakura est logée de force depuis mai 2016 dans trois parcelles d'un ressortissant rwandais, Vianney Hakizimana, qui a fui la répression. Les militaires ont pillé et vendu le matériel de la "Boulangerie Shalom" implantée dans les trois parcelles à Mutakura 3ème avenue n° 37, 39 et 44. L'armée y a d'ailleurs installé des cachots secrets et des lieux de torture. Le cas de cette boulangerie n'est pas unique, quelques autres exemples: la maison de Eddy Ndayisaba transformée en position militaire à Kinyankonge après sa disparition forcée le 29 décembre 2015. La voiture de Christa Benigne Irakoze saisie et utilisée par un élement du SNR après sa disparition forcée le 29 décembre 2015. La camionnette de Zedi Feruzi saisie et utilisée par le SNR après son assassinat le 23 mai 2015. La résidence de la famille de feu Colonel Laurent Ndabaneze à Kinindo saisie par la police en novembre 2015 et transformée en un cachot secret et lieu de torture en novembre-décembre 2016. Beaucoup de véhicules des personnes disparues n'ont jamais été restituées par le SNR aux familles des victimes. Etc. Freddy Mbonimpa, Maire de Bujumbura avait par ailleurs annoncé la saisie des maisons des exilés en fevrier 2016 (écouter sa voix sur http://infosgrandslacs.info/productions/bujumbura-toutes-les-maisons-inhabitees-seront-transformees-en-positions-militaires-et )

Le FOCODE condamne le processus en cours de légalisation de la perquisition nocturne, une pratique pourtant à l'origine des cas de viols des femmes, de vols des biens dans les ménages et des disparitions forcées des personnes arrêtées nuitamment. Le FOCODE demande la traduction en justice du Capitaine Prudent Ntezimana, le bourreau de Mutakura, et interpelle de nouveau la Cour Pénale Internationale.

Trouvez l'intégralité de la déclaration du FOCODE sur http://ndondeza.org/belyse-ntakarutimana/

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