Burundi : Disparition d'Oscar Ntasano, un crime annoncé, un crime d'Etat. (1ère partie de l'enquête NDONDEZA)


#Burundi #DossierNtasano Ière Partie: Un crime annoncé, un crime d'Etat.

Oscar Ntasano a été Sénateur de 2005 à 2010, puis député de 2010 à 2015. Un grand financier du parti CNDD-FDD, certaines sources vont jusqu'à affirmer qu'il aurait offert au parti tous ses honoraires d'une décennie de parlementaire. Et bien plus. Pourtant, la disparition d'un tel homme ne préoccupe ni n'émeut aucune institution de la République, sous un pouvoir CNDD-FDD. Hon. Ntasano a disparu dans la matinée du 20 avril 2017, dans trois jours cela fera un mois. Le Sénat qu'il a servi pendant cinq ans n'a rien dit, même son président Révérien Ndikuriyo qui, dans sa campagne, aurait bénéficié des largesses d'Oscar Ntasano. L'Assemblée Nationale, qu’il fréquentait il y a moins de deux ans, n'a rien dit. Son parti, le CNDD-FDD qu'il a tant financé, ne s'est même pas souvenu de lui dans sa prière du 27 avril 2017. Le Deuxième Vice-président Joseph Butore, qui l'avait rassuré que le dossier du Nonara Beach Hotel allait rapidement trouver une solution dès le remplacement de Benomar comme envoyé spécial du Secrétaire Général des Nations-Unies, n'a rien dit. Le Premier Vice-président Gaston Sindimwo, qui promettait de le rencontrer dès son retour de la retraite gouvernementale de Bukirasazi, n'a rien dit. Pierre Nkurunziza a menacé...

Hon Oscar Ntasano était menacé depuis qu'il avait signé un contrat de location de son Nonara Beach Hotel par les Nations-Unies. Selon une source proche des cercles criminels et secrets du CNDD-FDD, Oscar Ntasano a été présenté comme un ennemi du pouvoir dès décembre 2016, son nom a même été partagé dans un groupe Whatsapp de ce cercle. "Quatre mois avant sa disparition, dans notre groupe, on nous a dit qu'il collaborait avec ceux qui veulent amener des troupes étrangères. Quand une personne est accusée dans ce groupe, normalement elle doit être assassinée ou emprisonné quelques jours seulement après. Sa mort a déçu beaucoup de gens; il se dit qu'il n'avait jamais touché ses honoraires de sénateur ou de député et qu’il avait demandé que tout cela soit affecté à des projets de développement. Maintenant, chacun de nous est conscient qu'il peut être tué à tout moment."

Les futurs malheurs d'Oscar Ntasano avaient aussi été publiés par un compte Twitter pro Nkurunziza qui utilise un pseudonyme de Habona King @MariyaHabona. Une série de 11 tweets ont été publiés le 06 décembre 2016 et citait Oscar Ntasano parmi des "diables" ou des "PDC" (PDC était un parti opposé au Prince Louis Rwagasore dans les années 60) qui se cachent au sein du CNDD-FDD pour le détruire. Les tweets évoquent clairement le Nonara Beach Hotel comme ayant été acquis par fraude et demandent sa reprise par le gouvernement. Le dernier tweet est plus évocateur: "Burundi appartient à ses concitoyens et est régi par la loi, c'est inouï que ce même NTASANO s'arroge le droit d'exporter la terre du pays". Si le style des tweets rappelle les messages d'insultes extrémistes de certains Imbonerakure, il se distingue par la qualité de la rédaction qui tranche avec le niveau extrêmement bas d'autres tweets des Imbonerakure. Il est clair que l'auteur des tweets n'est pas n'importe qui.

Le 27 avril 2017, soit sept jours après la disparition d'Oscar Ntasano, le CNDD-FDD a organisé une séance de "prière" d'action de grâce deux ans après la désignation de Pierre Nkurunziza aux présidentielles de 2015. Curieusement, le parti n'a émis aucune préoccupation sur la disparition de son financier. Pierre Nkurunziza a délivré un message très proche des tweets anti-Ntasano. Il a notamment rappelé que les Judas étaient encore cachés dans le parti et que Dieu allait les détruire. Il a mis en garde tous ceux qui ne se soumettent pas aux ordres et aux conseils des dirigeants. Difficile de ne pas penser à ce moment-là au sort d'Oscar Ntasano, car il avait désobéi: il avait refusé d'annuler le contrat de location de son hôtel par l'ONU.

Avant sa disparition, Oscar Ntasano a reçu plusieurs messages, plusieurs menaces qui lui enjoignaient de mettre fin au contrat avec l'ONU. Les maçons qui rénovaient son hôtel ont été arrêtés... Mais Ntasano s'est entêté, il croyait à la protection de l'ONU et comptait sur la force de ses liens dans le parti au pouvoir. Le dernier à le menacer fut un colonel chargé du renseignement dans la police "Nubu nturaheba ya contrat?"...

Très prochainement, la 2ème partie de cette enquête du Focode Asbl dans le cadre de la Campagne NDONDEZA.

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