HATER LA LIBERATION DU BURUNDI

Le texte de Nestor Bidadanure circule depuis ce matin sur tous les réseaux sociaux burundais. Ce n'est pas qu'un texte. Une bonne analyse du "régime qui martyrise le peuple burundais", un appel à l'unité de toutes les forces de résistance, un appel à la conscience de l'humanité entière. Parce que "le Burundi est confronté à un fascisme", parce que "le fascisme n’est jamais qu’une affaire nationale : c’est une violence exercée à l’encontre de la dignité de chaque être humain sur la terre". Fascisme au Burundi?

Un extrait:
 
"Les dirigeants fascistes sont des fanatiques qui se croient porteurs de la mission sacrée de nettoyer la nation de leurs opposants. Ils survivent grâce à la terreur et au meurtre froid de celles et ceux qui ne partagent pas leurs opinions. Tout désaccord politique est assimilé à une trahison et tout adversaire politique est un ennemi à abattre. Insensibles aux cris de détresse de leur peuple, les dirigeants fascistes ne comprennent pas que le monde puisse s’offusquer de leur extrême violence à l’encontre des citoyens. Aujourd’hui, toute protestation étrangère contre les tortures et les crimes de masse au Burundi est balayée d’une main par le pouvoir de Nkurunziza et dénoncée comme une conspiration internationale. Dans une certaine mesure, le régime burundais réclame à la communauté internationale le droit de continuer à assassiner le peuple à huit clos."

Merci Nestor Bidadanure!

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HATER LA LIBERATION DU BURUNDI

« Mère, nous traverserons la nuit pour essuyer tes larmes et construire un pays digne de tous les humains »

Nul ne peut combattre efficacement un ennemi qu’il ne connaît pas assez. La résistance contre la tyrannie commence par l’analyse de sa nature. Tentons donc une brève autopsie du régime qui martyrise le peuple burundais pour mieux le combattre.

1-Une version du fascisme

Le Burundi est confronté à un fascisme tout à la fois singulier et classique. Singulier car aucun pouvoir n’est jamais la réplique absolue des systèmes qui l’ont historiquement précédé. Classique car tous les fascismes ont des caractéristiques communes. Le fascisme est, par essence, un système totalitaire fondé sur la stigmatisation du bouc émissaire et la mobilisation du peuple contre la victime désignée. Irrationnel et pathologique, tout pouvoir fasciste est allergique aux droits humains et ne croit qu’à la violence dans la gestion des affaires politiques. Tous les fascismes riment avec la destruction de la démocratie, la liquidation des libertés publiques et les crimes contre l’humanité. Le racisme, la xénophobie, le tribalisme, le radicalisme religieux, l’antisémitisme… sont autant d’armes idéologiques de destruction massive parmi lesquelles les différents fascismes s’approvisionnent. Partout où est apparu ce type de régimes (L’Allemagne de Hitler, l’Italie de Mussolini, l’Espagne de Franco, le Portugal de Salazar, le Cambodge de Pol pot, l’Afrique du Sud de l’apartheid, l’Ouganda de Idi Amin Dada, le Rwanda de Havyarimana…, et aujourd’hui le Burundi), les peuples furent obligés de prendre les armes comme derniers recours de survie. Pouvoir absolu, pensée unique, culte du chef, corruption décomplexée, torture, volonté d’extermination de l’autre différent, rhétorique négationniste des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide commis dans d’autres pays, volonté belliqueuse de guerre contre les voisins, discours messianiques et apocalyptiques d’appelle à l’extermination… tels sont généralement les traits communs aux différentes versions du fascisme et tel est le portrait-robot simplifié du pouvoir de Nkurunziza.

2. Les dirigeants fascistes

Les dirigeants fascistes sont des fanatiques qui se croient porteurs de la mission sacrée de nettoyer la nation de leurs opposants. Ils survivent grâce à la terreur et au meurtre froid de celles et ceux qui ne partagent pas leurs opinions. Tout désaccord politique est assimilé à une trahison et tout adversaire politique est un ennemi à abattre. Insensibles aux cris de détresse de leur peuple, les dirigeants fascistes ne comprennent pas que le monde puisse s’offusquer de leur extrême violence à l’encontre des citoyens. Aujourd’hui, toute protestation étrangère contre les tortures et les crimes de masse au Burundi est balayée d’une main par le pouvoir de Nkurunziza et dénoncée comme une conspiration internationale. Dans une certaine mesure, le régime burundais réclame à la communauté internationale le droit de continuer à assassiner le peuple à huit clos. La vision du monde chez les dirigeants extrémistes burundais se réduit à une opposition binaire du style : nous et eux, amis et ennemis, Hutu et Tutsi, les alliés et les traîtres, les occidentaux contre nous, les vrais croyants et les faux croyants… Tous les dirigeants fascistes usent de la propagande pour déshumaniser et animaliser l’ennemi désigné. Dans tout contexte fasciste, la misère morale, intellectuelle ainsi que la haine d’autrui chez les dirigeants extrémistes atteint un tel degré de morbidité qu’ils en viennent à assimiler leurs victimes à « de la saleté à nettoyer ». Les nazis désignaient les juifs par le mot « vermine », le régime de Havyarimana appelait les Tutsi « les cancrelats », aujourd’hui le pouvoir de Nkuruziza désigne ses opposants par le vocable de Mujeri, ce qui veut dire « chiens errants ». Ce n’est donc pas étonnant de constater que les ordres d’assassinats des opposants se déclinent par les mots Safisha et Kumesa qui veulent dire en Swahili et en Kirundi « nettoyer ». Tous les dirigeants fascistes se méfient des forces de sécurité issues des institutions républicaines par le simple fait qu’elles ont pour maître suprême le texte constitutionnel et non la dictature. C’est pourquoi ils créent des milices, infiltrent l’armée et la police avec pour objectif ultime de s’emparer du haut commandement des forces de sécurité et de défense nationale. Les dirigeants fascistes savent qu’une armée fidèle à la Constitution et dont la mission suprême est la défense du citoyen peut, à tout instant, se rebeller contre la tyrannie et prendre parti pour le peuple qu’elle doit défendre sans faillir ainsi qu’elle en a prêté le serment. Seule donc la haine morbide de l’autre différent et la peur du sursaut de dignité au sein de l’armée burundaise peuvent expliquer l’épuration ethnique et politique dont sont quotidiennement victimes des éléments des forces de défense soupçonnés d’être opposés à la dictature de Nkurunziza. L’histoire nous apprend que dans tout contexte politique caractérisé par la prise en main des moyens de l’Etat par une élite fasciste, où dominent l’idéologie de la haine de l’autre ainsi que la banalisation de la mort, le glissement vers l’irréparable, c’est-à-dire le génocide, n’est plus loin. D’où l’urgence absolue de hâter la libération du Burundi.


3. Combattre le fascisme

Combattre le fascisme signifie s’opposer en théorie et en pratique aux forces de la mort et leur idéologie. Les anti-fascistes sont des combattants de la liberté humbles, déterminés et au service de l’intérêt générale. Ils gardent leur esprit rivé à l’objectif final de la lutte : la défaite du fascisme, l’éradication de l’ignorance et de la pauvreté. Il n’est pas combattant de la liberté celui qui passe son intérêt personnel avant l’impérative d’unité du peuple pour sa libération. Car l’arme la plus puissante pour combattre le fascisme est sans conteste une large alliance des forces démocratiques et patriotiques articulée à une mobilisation internationale contre la barbarie. Le fascisme n’est jamais qu’une affaire nationale : c’est une violence exercée à l’encontre de la dignité de chaque être humain sur la terre. Combattre le fascisme c’est prévenir l’extermination d’un peuple en danger et marquer sa fidélité au pacte du « plus jamais ça » martelé par les anti-fascistes d’hier. Le retard dans l’émergence d’un front uni anti-fasciste à l’échelle nationale sert toujours la tyrannie qui profite des divisions momentanées de ses opposants pour essayer de se renforcer. On peut donc dire sans se tromper que l’espérance de vie du fascisme au Burundi dépend du temps que prendront les organisations de la résistance à forger l’unité de penser et d’action pour la délivrance nationale. Unité de roc qui ne sacrifie pas la diversité et la créativité du mouvement de libération. Seule l’unification de la résistance burundaise peut rapidement mettre fin à la souffrance du peuple et empêcher le régime de terreur de poursuivre la déstabilisation des pays voisins. Car outre la crise humanitaire des réfugiés, des incursions armées en RDC, moult provocations contre le Rwanda accompagnées d’une rhétorique négationniste du génocide des Tutsi, le pouvoir de Nkurunziza défie maintenant la communauté régionale et internationale en refusant toute initiative de négociation avec son opposition ainsi que les enquêtes indépendantes sur les crimes contre l’humanité commis dans ce pays. Rien d’étonnant à tout cela : tous les régimes fascistes sont sectaires, pensent avoir raison contre le monde entier et portent en eux des réflexes d’autodestruction. Ils provoquent des dégâts humains incalculables mais finissent par perdre la guerre car ils poussent même les plus cyniques de leurs alliés dans les limites du défendable devant l’histoire et leurs opinions publiques. Contourner les obstacles majeurs au rapprochement des forces de la résistance burundaise est donc aujourd’hui d’une urgence absolue. Le temps est venu d’être digne des résistants burundais, africains et ceux d’ailleurs qui sont tombés pour que vive un monde respectueux de la dignité de tous les humains. Le peuple burundais a jusqu'à maintenant montré des capacités extraordinaires de résistance et de résilience. Nul doute qu’il saura, bientôt, relever le défi de l’unité. Car la victoire contre le fascisme est toujours et partout au bout de l’unité du peuple. Que vive donc l’Unité et la Lutte pour un Burundi libre, démocratique et sans exclusion.

Nestor Bidadanure

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