Burundi: après diplomatie de l'insulte, diplomatie du chantage!

#Burundi Après la diplomatie de l'insulte, Pierre Nkurunziza entame celle du CHANTAGE, particulièrement envers l'#UE et la #Belgique.

Ce vendredi 16 décembre 2016, l'Ombudsman Edouard Nduwimana sera reçu par des autorités belges et se fera porteur d'une sorte de message d'apaisement, de sa "nouvelle sagesse". L'homme qui a détruit la démocratie burundaise, l'homme qui a passé 6 ans à casser l'opposition et la société civile, l'homme qui a rédigé le projet de constitution de la honte, l'homme qui a fermé la RPA, l'homme qui a célébré les morts à Businde (après les tirs de la police sur des pèlerins); et bien cet homme-là s'appelle depuis quelques semaines le médiateur de la république ou l'Ombudsman des burundais. Il semble qu'il prône dorénavent un dialogue "inclusif"...entre tous les acteurs burundais. C'est le nouveau message qu'il apporte à Bruxelles. Peut-on espérer qu'un nouveau miracle est intervenu sur le chemin de Damas, qu'un nouveau "Saint Paul" est converti?

La visite d'Edouard Nduwimana participe d'une nouvelle stratégie du régime Nkurunziza. Pourquoi le pouvoir de Bujumbura a-t-elle tenu à organiser une fouille des appartements belges, y compris la résidence d'un consul, à la veille de la réception d'Edouard Nduwimana? Pourquoi en perspective de cette rencontre, le régime a-t-il rappelé son ambassadeur à Bruxelles en consultation à Bujumbura; un rappel suivi d'un message du ministre Nyamitwe évoquant la possibilité de fermeture de l'Ambassade burundaise à Bruxelles? Cela s'appelle un CHANTAGE! Le message est clair: "recevez mon messager, écoutez bien mon message, sinon le pire est à venir!" Et Edouard Nduwimana entrera aux Affaires Etrangères avec une parfaite connaissance de la position de la Belgique, peut-être de certaines hésitations en cours, puisque un grand informateur a été envoyé en avance (2 jours avant) pour tâter le pouls.

La même stratégie du chantage est tentée auprès de l'Union Européenne. Un bras de fer est engagé depuis quelques semaines entre les autorités burundaises et l'Union Européenne sur le payement des militaires burundais en mission de paix en Somalie. En vertu des sanctions découlant de l'article 96 de l'Accord de Cotonou, l'UE ne peut plus faire des payements directs au gouvernement de Nkurunziza. Elle demande à payer directement la solde des militaires burundais en Somalie. Bujumbura, quant à lui, résiste et refuse de donner la liste des militaires déployés. Ainsi, depuis 11 mois, les militaires burundais de l'AMISOM n'ont pas été payés.

C'est ici qu'intervient le CHANTAGE. Dans sa lettre n°520/4630/01.22.0 du 06 décembre 2016, le ministre de la Défense Nationale a écrit à celui des Affaires Etrangères pour lui demander d'intercéder auprès de l'Union Africaine en vue du payement des indemnités des militaires burundais de l'AMISOM. Le dernier paragraphe de cette lettre est on ne peut plus clair:
"Si le payement de ces indemnités aux militaires burundais n'est pas fait dans les meilleurs délais, le Gouvernement du Burundi prendra des dispositions pour retirer ses troupes de l'AMISOM". Quelle belle déclaration!

Ainsi donc, un gouvernement désormais incapable de payer le personnel de son ambassade menace de la fermer en invoquant des raisons de fierté nationale. Un gouvernement dont la plus grave peur est le rapatriement de ses troupes menace lui-même de les retirer! Facile alors: qu'on le laisse faire rentrer son armée, c'est aussi simple que cela! Nous avons besoin de nos militaires au pays, les missions de paix ne doivent pas servir de récompense à certains criminels et assurer le payement des miliciens. Mais il est important de rappeler ici que les militaires burundais se sont plutôt réjouis de la décision de les payer directement par l'Union Européenne. En effet, même avant les sanctions, ils étaient toujours payés avec beaucoup de mois de retard. Chers militaires burundais, sachez-le: Nkurunziza refuse votre payement en confisquant vos listes!.

Le moment de ce chantage n'est pas un hasard de calendrier. Les Nations-Unies sont dans une période de transition entre Ban-ki Moon et Antonio Guterres, les Etats-Unis dans celle entre l'administration Obama et l'administration Trump, l'Union Africaine attend l'élection prochaine d'un remplaçant de Dlamini Zuma tandis que l'EAC est terrassée par les récentes déclarations de Mkapa. Nkurunziza veut frapper, avec son chantage, sur la Belgique et l'UE avant que les autres acteurs se réveillent. C'est dans ce contexte que se situe la visite d'Edouard Nduwimana à Bruxelles. Il va vanter la relative "sécurité" qui prévaudrait désormais au Burundi et promettre des chimères. Tutsi, il va nier le risque de génocide. Bien sûr, il va taire les dissensions et rivalités mal cachées au sommet de l'Etat entre Mutama 1 (Nkurunziza) et Mutama 2 (Bunyoni), les risques d'implosion de l'armée, le mécontentement de plus en plus grandissant même au sein des officiers ex-FDD, les préparatifs des FDLR pour déstabiliser les prochaines élections rwandaises, la peur au sein de nombreux dirigeants burundais quant à leur sécurité et leur avenir. Il ne va pas dire que des enfants d'un grand ministre de Nkurunziza en route vers le Rwanda ont été retenus à Kirundo, puis renvoyés à Bujumbura, par des policiers burundais trois jours seulement avant l'attentant contre Willy Nyamitwe. Il ne va pas dire que l'économie burundaise est sur le point de s'écrouler, que l'important prêt attendu de la Russie n'a pas été accordé, que les ressources de Nkurunziza viennent essentiellement de certaines taxes intérieures (dont Heineken reste le grand contributeur), des trafics illicites de minerais du Congo et des fonds de missions de paix; que la grande hantise de Nkurunziza est dans l'hypothèse d'un embargo qui viendrait de la Tanzanie ainsi que celle du rapatriement des troupes burundaises de Somalie et de la RCA.

La Belgique et l'Union européenne ont résisté aux insultes et provocations de toutes sortes. Elles sont les pionniers d'une politique de fermeté à l'égard du dictateur burundais. Le peuple burundais leur en sera gré. J'espère qu'elles garderont le flambeau et qu'un message clair et ferme sera donné à Edouard Nduwimana. Nkurunziza doit cesser les tueries et les violations de droits humains, Nkurunziza doit rétablir et garantir les libertés publiques, Nkurunziza doit stopper le processus de révision de la constitution et s'engager dans un dialogue véritablement inclusif, Nkurunziza doit s'engager à coopérer avec la commission d'enquête internationale et l'office du haut commissaire aux droits de l'homme, Nkurunziza doit mettre fin au discours de haine et dissoudre la milice Imbonerakure. Ce seraient là les vrais signes de bonne volonté de sa part. Un tel message de la part des partenaires sera retenu comme un vrai soutien au peuple burundais. Les tyrannies sont appelées inexorablement à disparaitre, quelques soient leurs apparences de force et leurs résistances, mais les peuples restent.

#Sindumuja

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