Quatre considérations sur le #NkurunzizaMonologue ouvert le 21 Mai 2016 à Arusha

#‎Burundi‬ Même P.C. Mbonimpa n'est pas invité au ‪#‎NkurunzizaMonologue‬ qui s'ouvre à ‪#‎Arusha‬ en Tanzanie. C'est la première fois que le Mutama National n'est pas invité à un rendez-vous du dialogue burundais depuis le déclenchement de la crise en cours. Le tout nouveau Secrétaire Général de l'EAC Liberat MFUMUKEKO, un agent spécial de Pierre Nkurunziza, en a décidé ainsi: les groupes les plus engagés et les plus déterminés dans la lutte contre le troisième mandat de son boss ne seront pas à Arusha. Pire, selon des informations qui nous viennent de son propre bureau, Liberat Mfumukeko a tout fait pour phagocyter l'équipe du Facilitateur Benjamin Mkapa. Ainsi l'échec de l'événement est le résultat d'une double erreur : la désignation d'un proche de Nkurunziza au secrétariat général de EAC et le fait de lui confier les préparatifs du dialogue burundais. A sa nomination, nous lui avions souhaité de la hauteur dans ses fonctions, malheureusement l'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire récemment nommé se comporte comme un simple soldat de Nkurunziza.

Quatre aspects à ne pas négliger dans la résolution de la crise burundaise:

1. La crise burundaise, c'est avant tout la volonté d'un Président qui décide d'imposer son troisième mandat en violant la Constitution du Burundi et l'Accord d'Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi signé le 28 août 2000. Massivement et courageusement, le peuple burundais a protesté contre la troisième candidature de Pierre Nkurunziza. Un acteur clé ici: le Mouvement Citoyen Halte au Troisième Mandat qui rassemble les organisations de la société civile ayant mobilisé le peuple contre cette forfaiture. Il reste la voix de la contestation populaire et en a payé un lourd tribut: les leaders du mouvement ont échappé à des plans d'assassinats et sont toujours recherchés par des tueurs à gage dans leurs lieux d'exil, une dizaine d'organisations membres sont suspendues par le régime Nkurunziza, les comptes bancaires des organisations et de certains leaders sont saisis par le Procureur Bagorikunda, les présidents des organisations sont sous mandats d'arrêts internationaux émis par le gouvernement Nkurunziza. Le mouvement entend défendre le respect de l'Accord d'Arusha, lutter contre l'impunité des crimes contre les citoyens opposés au 3eme mandat, se battre pour le renforcement de l'Etat de droit au Burundi et la garantie des libertés citoyennes. Le mouvement est coordonné par les présidents du FORSC, du Focode Asbl et de l'APRODH et il a désigné ses représentants au dialogue interburundais, ignorés par Liberat Mfumukeko.

2. La crise burundaise, ce sont de fausses élections organisées dans le forcing, sans consensus entre les acteurs et les partenaires, dans la terreur de la milice imbonerakure, sans débat médiatique, boycottées par l'opposition politique. La quasi-totalité des principaux partis de l'opposition, les anciens présidents de la république, des dissidents du parti de Nkurunziza sont réunis au sein d'une plateforme historique : le CNARED qui entend participer en tant que tel au dialogue. Les leaders de la plateforme sont en exil et sont également menacés dans leur sécurité, mais aussi recherchés par mandats d'arrêts internationaux. Liberat Mfumukeko a décidé d'ignorer le CNARED.

3. La crise burundaise c'est aussi la volonté de mettre fin à la liberté d'expression par le silence des radios indépendantes. Des radios ont été fermées puis incendiées par le régime Nkurunziza, une centaine de journalistes sont en exil menacés de mort, certains d'entre eux sont mis sous mandats d'arrêts internationaux. Liberat Mfumukeko a ignoré les représentants légitimes de cette presse honnie par Nkurunziza.

4. La crise burundaise c'est enfin le risque d'un nouveau génocide. L'armée est au bord de l'implosion, des miliciens Imbonerakure entraînés et armés quadrillent les villages et menacent des quartiers, des combattants FDLR et interahamwe rwandais sont signalés, des unités spécialisées proches de Nkurunziza sont organisées dans la police, le renseignement et l'armée et utilisées pour traquer les opposants au troisième mandat. Trois rébellions se sont déjà déclarées et sont actives: Red-Tabara, FOREBU et FNL. Liberat Mfumukeko a ignoré ces mouvements rebelles.

A quoi ressemble ce dialogue qui s'ouvre aujourd'hui sans les acteurs clés ? Que va-t-on résoudre dans cette situation ? Entretemps, les assassinats, le bouclage des quartiers, les disparitions forcées de citoyens se poursuivent en toute tranquillité de Nkurunziza. Le mal burundais s'appelle Pierre Nkurunziza et toute initiative incapable de le stopper dans son élan sanguinaire ne fera que prolonger le calvaire des burundais.

Je n'attends rien du #NkurunzizaMonologue à Arusha, je sais que le chemin est encore long. Un jour Nkurunziza aura besoin de vrais acteurs pour négocier. S'il n'en a pas encore besoin, c'est que la pression n'est pas encore suffisante. La communauté internationale a d'énormes leviers qui ne sont pas encore utilisés : AMISOM, MINUSCA, embargo régional, restrictions des voyages des autorités burundaises qui ne sont pas en rapport avec le processus de paix, CPI, mission de protection des burundais. Je sais que Nkurunziza comprendra un jour, mais cela risque d'être trop tard.

‪#‎Sindumuja‬ ‪#‎StopNkurunziza‬

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