Message pour la fête des mères 2016

Une maman. Pour cette fête des mères, j'ai gardé une image récente, tragique et douloureuse, mais symbolique de l'amour d'une maman. Lundi 25 avril 2016, 7h30 du matin, un commando attaque à coup de roquettes et de mitrailleuses la jeep qui transporte le Général Athanase Kararuza, son épouse, leur fille Daniella Mpundu, un chauffeur et deux gardes. En cette minute ultime de la vie, la mère ne pense plus à sa propre sécurité mais à celle de sa fille. Elle la couvre de son corps pour que les balles destinées à Daniella la transpercent seule, elle la mère. Sa dernière pensée est sans doute: Seigneur laisse-moi rentrer à la Maison, mais de grâce sauve Daniella. Certes Daniella n'a pas longtemps survécu, mais elle est rentrée en sachant que maman était prête à tout pour elle. C'est cela une maman.

Ce soir, je pense à toutes ces mamans burundaises qui vivent dans un torrent de larmes, visibles ou invisibles, parce qu'elles n'ont pas pu sauver leurs fils ou leurs filles dans les flots de sang qui coulent depuis le 26 avril 2015. Comme maman Daniella, elles sont nombreuses à dire : j'aurais accepté de mourir à la place de mon enfant, mais hélas... Je pense à celles qui sont dans le désespoir après l'arrestation des leurs et qui ne savent pas s'ils sont encore en vie. Je pense à celles révoltées, mais silencieuses, par un système politique criminel qui transforme leurs fils en tueurs. Je pense à celles désespérées à qui, après la perte ou la disparition du mari, on refuse le droit d'avoir les documents de voyage des enfants et qui vivent sous des menaces d'une attaque contre la famille dont elles sont devenues père et mère. J'imagine l'effet que cela fait quand on vous répond "vous ne pouvez pas emmener les enfants sans autorisation du père", ce père qu'ils ont fait disparaître sans laisser de trace. Je pense à celles en exil qui s'interrogent sur l'avenir des leurs. Je pense à celles qui se battent encore, par tous les moyens, pour retrouver un Burundi paisible. A celles en captivité, à nos héroïnes. A Christa-Benigne Irakoze.

Je rends hommage aux mamans. Pour le don de la vie. Pour le sacrifice. Pour tout. A la mienne et à celle de mes enfants. Bonne fête.

Pacifique Nininahazwe

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