Qui est en sécurité au Burundi? Questionnements après l'assassinat du Lieutenant-Colonel Darius Ikurakure
Qui est réellement en sécurité au #Burundi?
La question mérite d'être posée après l'assassinat dans la mi-journée du Lieutenant-Colonel Darius Ikurakure dans les enceintes de l'Etat-Major Général de l'armée, suivi de l'assasinat du Major Didier Muhimpindu dans la soirée.
Après un long silence qui commençait à inquiéter (notamment dans le cas de Willy Nyamitwe qui twittait tous les deux minutes sur d'autres sujets et qui pourtant dans des cas similaires avait rapidement réagi), le cabinet de Pierre Nkurunziza et l'armée ont confirmé en fin de journée l'assassinat de Darius Ikurakure, à 12h30, par une personne en tenue de la FDN (l'armée burundaise), dans les enceintes de l'Etat-Major Général. Le communiqué de l'armée précise que cela est survenu dans les heures de pause alors que beaucoup de militaires avaient rejoint leurs domiciles. Dans le journal du soir, la RPA/Humura a ajouté que le Lt-Col Ikurakure a été tué par trois coups d'un pistolet alors qu'il se trouvait devant le tableau d'affichage de l'Etat-Major Général.
Des questions se posent rapidement sur l'assassinat de Darius Ikurakure:
1. Darius Ikurakure ne travaillait pas à l'EMG/FDN. Pourquoi se trouvait-il là, seul à des heures de pause?
2. Darius Ikurakure a été abattu alors qu'il se trouvait au tableau d'affichage. Attendait-il quelqu'un? Qui l'a invité à être là à ce moment précis?
3. Darius Ikurakure a été abattu par trois coups d'un petit pistolet, ce qui signifie que l'assassin a dû l'approcher. Darius savait qu'il est en danger et avait une garde impressionnante par son nombre et son armement. Son assassin doit être une personne qu'il ne redoutait pas, sinon il allait se méfier.
4. L'assassin a pu s'échapper aisément et a disparu dans la nature. Mais où se trouvait la garde de Darius Ikurakure?
Mais la grande question reste celle-ci: si un officier aussi important que Darius Ikurakure dans le système de la répression en cours peut se faire tuer aussi aisément dans les enceintes de l'état-major général de l'armée, qui est réellement protégé aujourd'hui au Burundi? Où peut-on être assuré de sa sécurité au pays de Pierre Nkurunziza? Cela explique parfaitement pourquoi Pierre Nkurunziza fuit les palais et la présidence, il sait que le danger plane au coeur même de son pouvoir. L'assasinat de Darius Ikurakure détruit en un déclic l'argument actuellement vanté d'une maitrise progressive de la sécurité par le pouvoir Nkurunziza. En réalité tout le monde, anti et pro troisième mandat, est en danger au Burundi.
Par contre une question a probablement trouvé sa réponse quelques heures seulement après l'assassinat du Commandat du Bataillon Génie de Combat de Muzinda. Tout observateur avisé se demandait quelle allait être la réaction des pro-Nkurunziza, qui allait être la prochaine cible pour venger la mort de Darius Ikurakure? D'expérience leur réaction est toujours violente. Après l'attaque de Cibitoke en décembre 2014, Darius Ikurakure a dirigé une opération extrêmement violente qui s'est soldée par des exécutions sommaires d'une centaine de combattants arrêtés. En août 2015, l'assassinat du Général Adolphe Nshimirimana a été suivi de la tentative d'assasinat de Pierre Claver Mbonimpa et de l'assassinat du Colonel en retraite Jean Bikomagu ancien chef d'état-major général des ex-FAB. Qui devait mourir après Darius Ikurakure? Déjà autour de 15 heures, l'officier de permanence à l'état-major le Capitaine Nicolas Nkunzubumwe, un ex-FAB, a été arreté et détenu au Service National de Renseignements (SNR). Dans la soirée, un officier ex-FAB Major Didier Muhimpundu a été assassiné devant le Sanack-Bar Hibiscus après avoir guidé au téléphone des personnes non identifiées sur la localisation du Snack-Bar. Il a été abattu aussitôt qu'il est sorti de l'Hibiscus en répondant au même appel. Didier Muhimpundu avait presque le même âge que Darius Ikurakure. Toute la question est de savoir si cette violence va s'arrêter là et si les assassinats de Darius et Didier ne vont pas accroître la méfiance et la tension au sein des membres des forces de défense et de sécurité.
Darius Ikurakure avait été cruel dans la répression contre la contestation du troisième mandat de Nkurunziza: arrestations arbitraires, disparitions forcées, empoisonnements, tortures, disparitions forcées, attaque de l'hôpital BUMEREC, etc. Avec sa disparition, il y a des vérités qui ne seront jamais connues (notamment sur le commanditaire de ses actes barbares) et il sera probablement difficile de savoir où il a mis certaines personnes disparues. Son nom était cité presque tous les soirs dans les éditions d'actualité de Humura et Inzamba. Sa cruauté dépassait tout entendement à tel point que d'aucuns s'interrogeaient sur sa motivation. Il était probablement affecté par les massacres de 1972 (année de sa naissance) comme pas mal d'autres membres de l'entourage de Pierre Nkurunziza et croyait venger les siens par les souffrances des jeunes qui ne savaient rien de 1972. A son tour, il disparait de manière tragique. Je ne sais pas ce qui sera raconté à ses enfants tout comme aux enfants des proches de ses victimes, et ainsi le Burundi empoisonne de nouveau son avenir.
Nous avons le devoir de nous parler. Nous devons arrêter ces cycles de tragédies. L'Accord d'Arusha a tracé le chemin. Discutons, traçons l'avenir de nos enfants. Retournons à l'Accord. Construisons un autre Burundi. Personne ne profitera du chaos, et comme dirait Martin Luther King, nous sommes en train de "périr ensemble comme des idiots". Nous sommes tous des enfants du Burundi.
#Sindumuja
La question mérite d'être posée après l'assassinat dans la mi-journée du Lieutenant-Colonel Darius Ikurakure dans les enceintes de l'Etat-Major Général de l'armée, suivi de l'assasinat du Major Didier Muhimpindu dans la soirée.
Après un long silence qui commençait à inquiéter (notamment dans le cas de Willy Nyamitwe qui twittait tous les deux minutes sur d'autres sujets et qui pourtant dans des cas similaires avait rapidement réagi), le cabinet de Pierre Nkurunziza et l'armée ont confirmé en fin de journée l'assassinat de Darius Ikurakure, à 12h30, par une personne en tenue de la FDN (l'armée burundaise), dans les enceintes de l'Etat-Major Général. Le communiqué de l'armée précise que cela est survenu dans les heures de pause alors que beaucoup de militaires avaient rejoint leurs domiciles. Dans le journal du soir, la RPA/Humura a ajouté que le Lt-Col Ikurakure a été tué par trois coups d'un pistolet alors qu'il se trouvait devant le tableau d'affichage de l'Etat-Major Général.
Des questions se posent rapidement sur l'assassinat de Darius Ikurakure:
1. Darius Ikurakure ne travaillait pas à l'EMG/FDN. Pourquoi se trouvait-il là, seul à des heures de pause?
2. Darius Ikurakure a été abattu alors qu'il se trouvait au tableau d'affichage. Attendait-il quelqu'un? Qui l'a invité à être là à ce moment précis?
3. Darius Ikurakure a été abattu par trois coups d'un petit pistolet, ce qui signifie que l'assassin a dû l'approcher. Darius savait qu'il est en danger et avait une garde impressionnante par son nombre et son armement. Son assassin doit être une personne qu'il ne redoutait pas, sinon il allait se méfier.
4. L'assassin a pu s'échapper aisément et a disparu dans la nature. Mais où se trouvait la garde de Darius Ikurakure?
Mais la grande question reste celle-ci: si un officier aussi important que Darius Ikurakure dans le système de la répression en cours peut se faire tuer aussi aisément dans les enceintes de l'état-major général de l'armée, qui est réellement protégé aujourd'hui au Burundi? Où peut-on être assuré de sa sécurité au pays de Pierre Nkurunziza? Cela explique parfaitement pourquoi Pierre Nkurunziza fuit les palais et la présidence, il sait que le danger plane au coeur même de son pouvoir. L'assasinat de Darius Ikurakure détruit en un déclic l'argument actuellement vanté d'une maitrise progressive de la sécurité par le pouvoir Nkurunziza. En réalité tout le monde, anti et pro troisième mandat, est en danger au Burundi.
Par contre une question a probablement trouvé sa réponse quelques heures seulement après l'assassinat du Commandat du Bataillon Génie de Combat de Muzinda. Tout observateur avisé se demandait quelle allait être la réaction des pro-Nkurunziza, qui allait être la prochaine cible pour venger la mort de Darius Ikurakure? D'expérience leur réaction est toujours violente. Après l'attaque de Cibitoke en décembre 2014, Darius Ikurakure a dirigé une opération extrêmement violente qui s'est soldée par des exécutions sommaires d'une centaine de combattants arrêtés. En août 2015, l'assassinat du Général Adolphe Nshimirimana a été suivi de la tentative d'assasinat de Pierre Claver Mbonimpa et de l'assassinat du Colonel en retraite Jean Bikomagu ancien chef d'état-major général des ex-FAB. Qui devait mourir après Darius Ikurakure? Déjà autour de 15 heures, l'officier de permanence à l'état-major le Capitaine Nicolas Nkunzubumwe, un ex-FAB, a été arreté et détenu au Service National de Renseignements (SNR). Dans la soirée, un officier ex-FAB Major Didier Muhimpundu a été assassiné devant le Sanack-Bar Hibiscus après avoir guidé au téléphone des personnes non identifiées sur la localisation du Snack-Bar. Il a été abattu aussitôt qu'il est sorti de l'Hibiscus en répondant au même appel. Didier Muhimpundu avait presque le même âge que Darius Ikurakure. Toute la question est de savoir si cette violence va s'arrêter là et si les assassinats de Darius et Didier ne vont pas accroître la méfiance et la tension au sein des membres des forces de défense et de sécurité.
Darius Ikurakure avait été cruel dans la répression contre la contestation du troisième mandat de Nkurunziza: arrestations arbitraires, disparitions forcées, empoisonnements, tortures, disparitions forcées, attaque de l'hôpital BUMEREC, etc. Avec sa disparition, il y a des vérités qui ne seront jamais connues (notamment sur le commanditaire de ses actes barbares) et il sera probablement difficile de savoir où il a mis certaines personnes disparues. Son nom était cité presque tous les soirs dans les éditions d'actualité de Humura et Inzamba. Sa cruauté dépassait tout entendement à tel point que d'aucuns s'interrogeaient sur sa motivation. Il était probablement affecté par les massacres de 1972 (année de sa naissance) comme pas mal d'autres membres de l'entourage de Pierre Nkurunziza et croyait venger les siens par les souffrances des jeunes qui ne savaient rien de 1972. A son tour, il disparait de manière tragique. Je ne sais pas ce qui sera raconté à ses enfants tout comme aux enfants des proches de ses victimes, et ainsi le Burundi empoisonne de nouveau son avenir.
Nous avons le devoir de nous parler. Nous devons arrêter ces cycles de tragédies. L'Accord d'Arusha a tracé le chemin. Discutons, traçons l'avenir de nos enfants. Retournons à l'Accord. Construisons un autre Burundi. Personne ne profitera du chaos, et comme dirait Martin Luther King, nous sommes en train de "périr ensemble comme des idiots". Nous sommes tous des enfants du Burundi.
#Sindumuja
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