Troisième anniversaire de l'incendie du marché central de Bujumbura
#Burundi Il y a trois ans le marché central de #Bujumbura
était incendié, il y a trois ans j'ai perdu toute illusion sur Pierre
Nkurunziza et j'ai compris qu'il allait brûler le Burundi.
Difficile d'oublier le matin horrible du dimanche 27 janvier 2013. Nous nous sommes levés avec un ciel de Bujumbura tout enfumé. Le marché central était en feu. Les gens accouraient de partout vers le centre-ville, mais en y arrivant nous étions frappés par l'épouvante et le sentiment d'impuissance. Le marché a été entièrement consumé en notre présence. Un seul camion anti-incendie disponible à Bujumbura n'y pouvait rien. Il est lui-même venu avec un retard de plus d'une heure car il arrosait les beaux jardins d'un grand général. Un hélicoptère venu du Rwanda a pu éteindre le feu et a sauvé les alentours du marché.
Nous attendions deux mots du gouvernement : solidarité et responsabilité. Nous n'avons eu ni l'un ni l'autre. Pas de solidarité avec les commerçants, ils ont été laissés à eux-mêmes, beaucoup sont tombés en faillite. Aucune leçon n'a été tirée, aucune responsabilité n'a été dégagée. Même au niveau de la police anti-incendie. Comme toujours, la justice burundaise a couvert les criminels et a arrêté quelques boucs-émissaires. La commission #Bagorikunda a conclu à une origine accidentelle de l'incendie. Quelques fautes de gestion, et c'est tout! Le rapport peut être lu sur ce lien http://www.arib.info/index.php…
En mars 2013, j'ai pu questionner ce rapport qui s'intéressait plus à la gestion du marché qu'à l'incendie proprement dite. Dans mes six interrogations j'ai notamment souligné certaines "coïncidences" troublantes qui n'ont pas intéressé les enquêteurs :
- quelques temps avant l'incendie, le Maire de la Ville avait mis en place une commission d'enquête sur la gestion du marché, de même la commission d'enquête sur l'incendie s'est davantage occupée de la gestion ;
- juste la veille de l'incendie le Maire avait ordonné le comptage des stands au marché,
- juste le lendemain de l'incendie le ministre de la sécurité aurait évoqué dans une réunion l'existence d'un plan pour un marché moderne; aucune autorité ne parlait de la réhabilitation du marché
- le rapport dit que le retard du véhicule anti-incendie a favorisé la propagation du feu mais ce sont les auteurs d'une gestion frauduleuse qui ont été arrêtés.
- une semaine après l'incendie un pakistanais Ali Somji a été assassiné dans son magasin TRONICA sur l'avenue de la Mission. Aucune enquête n'a été faite alors qu'il se dit qu'il aurait acheté la poudre inflammatoire utilisée dans l'incendie. Certains de ses amis ont été interpellés par le service de renseignements, notamment pour se rassurer de ce qu'ils savaient. Mon commentaire du rapport se trouve sur le lien ci-après : https://burundimagazine.wordpress.com/…/le-rapport-sur-lin…/
Le 26 mai 2013, le Major Jean Bosco NSABIMANA alias Maregos, officier du SNR particulièrement connu dans la torture d'Alphonse-Marie Kadege est mort dans un hôpital à Nairobi. Réfugié en Afrique du Sud, il avait été négocié par le #SNR et était revenu au Burundi un mois avant l'incendie. Avant sa mort, il a révélé qu'il avait joué un rôle dans l'incendie notamment en posant des explosifs dans la toiture du marché prétextant la réparation des hauts-parleurs de la radio du marché (radio Sogemac). Il était convaincu qu'il avait été empoisonné par après au cours d'un dîner avec deux généraux de l'ancienne rébellion du CNDD-FDD. Il est mort quelque temps après ses révélations et aurait été étouffé avec un oreiller. Expert en explosifs, il était rentré un mois avant l'incendie et il est mort empoisonné quatre mois après l'incendie. Sa famille n'a même pas été associée aux funérailles. Le journal en ligne Bujumbura News a parlé du retour de Maregos sur le lien https://sites.google.com/site/bdi00257/7483 Le site Burundi News a fourni à son tour des pistes d'enquête sur l'incendie du marché : http://burundinews.fr/actualites/brulemarchebujua2.html
Il importe de souligner enfin un article sorti un mois avant l'incendie qui parlait d'un plan de construction d'un grand Mall commercial à Bujumbura. Curieusement, le lendemain de l'incendie un ministre a parlé un plan d'un grand centre commercial sur l'emplacement du marché incendié. Édouard NDUWIMANA a évoqué une volonté divine dans l'incendie du marché pour doter le Burundi d'un marché moderne. Aujourd'hui même, le Maire de Bujumbura a annoncé qu'un Mall sera bientôt érigé sur le site du marché central. Voici le lien de l'article de décembre 2012: http://www.theeastafrican.co.ke/…/16…/-/tlxkwqz/-/index.html
Il y a trois ans, avec l'incendie du marché central, j'ai perdu toute illusion dans le régime Nkurunziza. J'ai compris qu'il finira par brûler le Burundi. Je garde l'espoir qu'un jour nous verrons une enquête sérieuse sur tous les crimes graves de la décennie Nkurunziza comme l'assassinat d'Ernest Manirumva en avril 2009, le massacre de Gatumba de septembre 2011, les exécutions extrajudiciaires de militants de l'opposition (principalement du FNL), l'assassinat de trois soeurs italiennes à Kamenge en septembre 2014, les crimes contre l'humanité en cours à la suite de la candidature de Nkurunziza au troisième mandat inconstitutionnel. J'espère que la lumière sera également faite sur de nombreux autres crimes commis depuis l'indépendance du Burundi.
#Sindumuja #NkurunzizaOut
Difficile d'oublier le matin horrible du dimanche 27 janvier 2013. Nous nous sommes levés avec un ciel de Bujumbura tout enfumé. Le marché central était en feu. Les gens accouraient de partout vers le centre-ville, mais en y arrivant nous étions frappés par l'épouvante et le sentiment d'impuissance. Le marché a été entièrement consumé en notre présence. Un seul camion anti-incendie disponible à Bujumbura n'y pouvait rien. Il est lui-même venu avec un retard de plus d'une heure car il arrosait les beaux jardins d'un grand général. Un hélicoptère venu du Rwanda a pu éteindre le feu et a sauvé les alentours du marché.
Nous attendions deux mots du gouvernement : solidarité et responsabilité. Nous n'avons eu ni l'un ni l'autre. Pas de solidarité avec les commerçants, ils ont été laissés à eux-mêmes, beaucoup sont tombés en faillite. Aucune leçon n'a été tirée, aucune responsabilité n'a été dégagée. Même au niveau de la police anti-incendie. Comme toujours, la justice burundaise a couvert les criminels et a arrêté quelques boucs-émissaires. La commission #Bagorikunda a conclu à une origine accidentelle de l'incendie. Quelques fautes de gestion, et c'est tout! Le rapport peut être lu sur ce lien http://www.arib.info/index.php…
En mars 2013, j'ai pu questionner ce rapport qui s'intéressait plus à la gestion du marché qu'à l'incendie proprement dite. Dans mes six interrogations j'ai notamment souligné certaines "coïncidences" troublantes qui n'ont pas intéressé les enquêteurs :
- quelques temps avant l'incendie, le Maire de la Ville avait mis en place une commission d'enquête sur la gestion du marché, de même la commission d'enquête sur l'incendie s'est davantage occupée de la gestion ;
- juste la veille de l'incendie le Maire avait ordonné le comptage des stands au marché,
- juste le lendemain de l'incendie le ministre de la sécurité aurait évoqué dans une réunion l'existence d'un plan pour un marché moderne; aucune autorité ne parlait de la réhabilitation du marché
- le rapport dit que le retard du véhicule anti-incendie a favorisé la propagation du feu mais ce sont les auteurs d'une gestion frauduleuse qui ont été arrêtés.
- une semaine après l'incendie un pakistanais Ali Somji a été assassiné dans son magasin TRONICA sur l'avenue de la Mission. Aucune enquête n'a été faite alors qu'il se dit qu'il aurait acheté la poudre inflammatoire utilisée dans l'incendie. Certains de ses amis ont été interpellés par le service de renseignements, notamment pour se rassurer de ce qu'ils savaient. Mon commentaire du rapport se trouve sur le lien ci-après : https://burundimagazine.wordpress.com/…/le-rapport-sur-lin…/
Le 26 mai 2013, le Major Jean Bosco NSABIMANA alias Maregos, officier du SNR particulièrement connu dans la torture d'Alphonse-Marie Kadege est mort dans un hôpital à Nairobi. Réfugié en Afrique du Sud, il avait été négocié par le #SNR et était revenu au Burundi un mois avant l'incendie. Avant sa mort, il a révélé qu'il avait joué un rôle dans l'incendie notamment en posant des explosifs dans la toiture du marché prétextant la réparation des hauts-parleurs de la radio du marché (radio Sogemac). Il était convaincu qu'il avait été empoisonné par après au cours d'un dîner avec deux généraux de l'ancienne rébellion du CNDD-FDD. Il est mort quelque temps après ses révélations et aurait été étouffé avec un oreiller. Expert en explosifs, il était rentré un mois avant l'incendie et il est mort empoisonné quatre mois après l'incendie. Sa famille n'a même pas été associée aux funérailles. Le journal en ligne Bujumbura News a parlé du retour de Maregos sur le lien https://sites.google.com/site/bdi00257/7483 Le site Burundi News a fourni à son tour des pistes d'enquête sur l'incendie du marché : http://burundinews.fr/actualites/brulemarchebujua2.html
Il importe de souligner enfin un article sorti un mois avant l'incendie qui parlait d'un plan de construction d'un grand Mall commercial à Bujumbura. Curieusement, le lendemain de l'incendie un ministre a parlé un plan d'un grand centre commercial sur l'emplacement du marché incendié. Édouard NDUWIMANA a évoqué une volonté divine dans l'incendie du marché pour doter le Burundi d'un marché moderne. Aujourd'hui même, le Maire de Bujumbura a annoncé qu'un Mall sera bientôt érigé sur le site du marché central. Voici le lien de l'article de décembre 2012: http://www.theeastafrican.co.ke/…/16…/-/tlxkwqz/-/index.html
Il y a trois ans, avec l'incendie du marché central, j'ai perdu toute illusion dans le régime Nkurunziza. J'ai compris qu'il finira par brûler le Burundi. Je garde l'espoir qu'un jour nous verrons une enquête sérieuse sur tous les crimes graves de la décennie Nkurunziza comme l'assassinat d'Ernest Manirumva en avril 2009, le massacre de Gatumba de septembre 2011, les exécutions extrajudiciaires de militants de l'opposition (principalement du FNL), l'assassinat de trois soeurs italiennes à Kamenge en septembre 2014, les crimes contre l'humanité en cours à la suite de la candidature de Nkurunziza au troisième mandat inconstitutionnel. J'espère que la lumière sera également faite sur de nombreux autres crimes commis depuis l'indépendance du Burundi.
#Sindumuja #NkurunzizaOut
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