A qui profite l'incarcération de Pierre Claver Mbonimpa Monsieur le Président?

Ce lundi 16 juin 2014, il fera un mois jour pour jour depuis que Pierre Claver Mbonimpa est injustement en prison, avec le seul tort d'avoir alerté les autorités du Burundi et l'opinion nationale sur des informations qu'il a reçues et qui pouvaient gravement menacer la sécurité du Burundi. Mbonimpa ne demandait qu'une chose: une enquête crédible sur ces informations. Au nom de nous tous, citoyens du Burundi et amis de la paix dans le monde, un juste de 66 ans croupit en prison!

Une marche manifestation qui était organisée ce lundi à Bujumbura pour demander la libération de notre sage national vient, comme toujours, d'être interdite par le Maire de la ville de Bujumbura qui avance deux arguments sans aucun fondement et en dépit du respect des procédures légales par les organisateurs. Voici le Maire Saidi Juma dans ses propres mots: " j'ai le regret de vous informer que cette manifestation ne peut être accepté puisqu'elle a un caractère insurrectionnel".
"Toutefois,cette affaire est saisie par la justice et personne n'a le droit d'influencer cette dernière". La lettre porte la signature de son secrétaire général.

Légaliste comme toujours, la société civile et les organisations de presse annulent cette marche et propose un court rassemblement devant les bureaux de l'APRODH ce lundi à 9h, le temps d'exprimer notre solidarité avec l'Organisation et son Président.

Mais dans tout cela, je garde une question lancinante dans ma tête: quelle est la philosophie de la prison dans la tête du Président Pierre Nkurunziza? Normalement elle est faite pour isoler les criminels et délinquants, les retirer de la société à laquelle ils pourraient nuire, les châtier pour les crimes et délits commis, décourager les autres citoyens de la commission des crimes et délits. Mais qu'advient-il quand on emprisonne un honnête citoyen, un sage qui sert de référence à toute la société? Si la prison est destinée aux justes, aux meilleurs citoyens comme Mbonimpa, à ceux qui dénoncent la criminalité, à ceux qui alertent les autorités, à ceux qui inspirent les générations montantes, à un homme qui a déjà reçu deux prix mondialement prestigieux (prix Martin Ennals et prix Henri Dunant) pour son combat de défense de droits de l'homme, à un officier de la légion d'honneur de la Belgique, à un lauréat du prix Focode du Bon Citoyen, à un prisonnier qui se fait recevoir par des ambassadeurs à sa descente du camion de déshonneur, à un homme qui suscite la compassion du monde entier...c'est quoi ce genre de prison? J'aimerais vraiment que le président me réponde car cela commence à devenir ridicule...

Et que gagne le Burundi quand la communauté internationale, quand les principaux bailleurs du Burundi s'inquiètent? Je rappelle leurs récentes déclarations résumées par RFI.

1) Les ÉTATS-UNIS
"Ils se disent inquiets et avoir fait part de cette inquiétude au ministère de la Justice burundais. Washington appelle Bujumbura à respecter la procédure et les droits de Pierre-Claver Mbonimpa, le président de l'Aprodh. Source: RFI

2)L'UNION EUROPEENNE
Par la voix de son envoyé spécial pour les Grands Lacs, elle souligne l'importance du rôle et la contribution que la société civile doit pouvoir donner dans le cadre de l'organisation des élections. Parlant de la détention de Pierre-Claver Mbonimpa comme d'un cas emblématique, c'est pour ça que nous avons rendu public notre préoccupation. Source: RFI

3) LA FRANCE
Par la voix du porte-parole du Quai d'Orsay, elle dit également suivre avec attention cette situation. « Nous restons notamment vigilants s’agissant du respect, par la justice burundaise, du principe des droits de la défense et du droit à un procès équitable », explique Romain Nadal ajoutant « Paris réaffirme son soutien à l'action des défenseurs des droits de l’Homme partout dans le monde ». Source: RFI

4)LA BELGIQUE
Elle dit en avoir parlé avec le gouvernement burundais. Le porte-parole de la diplomatie belge explique par ailleurs que « dans la perspective des élections, il est important d'avoir un climat apaisé avec le respect de la liberté d'expression et plus largement des droits de l'homme » Source: RFI

5)LA GRANDE BRETAGNE
Le Foreign Office rappelle que des diplomates européens (britannique, belge, français, néerlandais…) étaient présents parmi la foule de quelque 200 personnes, le jour où la Cour d'appel étudiait la demande de remise en liberté de Pierre Claver Mbonimpa. Source: RFI

Monsieur le Président, répondez-nous: à qui profite l'emprisonnement de Pierre-Claver Mbonimpa?

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