Le Gouvernement Cndd-Fdd impose le monopartisme et ramène la dictature au Burundi

Source: Journal Arc-En-Ciel
No.254 du 29 mai 2009


Depuis un certain temps, aucun parti politique burundais n’a plus le droit d’organiser une réunion statutaire ni appeler ses membres et sympathisants pour une marche-manifestation à Bujumbura (Mairie) comme dans les provinces du pays, sauf bien-sur le Cndd-Fdd au pouvoir. Pis encore, le Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie (MSD) dirigé par le Président Alexis Sinduhije et en instance d’agrément depuis déjà une année, n’a pas encore eu le droit de travailler au grand jour pour se préparer aux prochaines élections de 2010. Pourtant, tous les documents exigés par le règlement d’ordre intérieur régissant l’agrément des partis politiques au Burundi sont au complet. Aujourd’hui, si le Ministre de l’intérieur qui a en charge les partis politiques refuse de reconnaître officiellement le MSD pour ses propres raisons par exemple, pourquoi le 1er Vice-président de la République, le gestionnaire des ministères à caractère politique au plus haut sommet de l’Exécutif burundais, ne réagit pas pour remettre les pendules à l’heure, en agréant le MSD ?

Personne n’est en mesure de répondre avec précision cette question au sein de notre rédaction. Ce qui est connu pour l’instant, le MSD constitue aujourd’hui une menace très sérieuse contre la reconduction du Cndd-Fdd en 2010. Comme le FNL ne fait plus peur et semble danser désormais au rythme de la musique du Cndd-Fdd pour éviter d’être traîné en justice pour tel ou tel autre dossier judiciaire, il ne reste que l’UPD-Zigamibanga et le MSD pour inquiéter sérieusement le Cndd-Fdd en 2010. C’est donc pour cette raison que toutes les griffes du pouvoir sortent ces jours-ci pour imposer un silence de cathédrale à ces partis, ainsi qu’à leurs membres et sympathisants. Quand ce ne sont pas les drapeaux du Cndd, du Radebu, du Frodebu et même de l’UPD-Zigamibanga qui sont volés, déchirés ou brûlés par les membres du parti au pouvoir. Ce harcèlement systématique, administratif, politique et policier contre l’opposition politique du Burundi, laisse deviner les réelles motivations de ce comportement dictatorial du Cndd-Fdd au pouvoir à Bujumbura (Burundi).

En réalité, le Cndd-Fdd est visiblement furieux de son impopularité grandissante dans le pays et tente de marginaliser toutes les formations politiques du pays, en les empêchant de jouir pleinement de leurs droits politiques et civiques, ce qui pourrait, d’après la fausse analyse des sbires du parti au pouvoir, réanimer finalement le Cndd-Fdd sur l’échiquier politique burundais. Même sans campagne électorale ni meetings populaires pour haranguer les foules, une victoire éventuelle du Cndd-Fdd, après des scrutins libres, transparents et démocratiques, reste toujours douteuse. Chaque burundais sait déjà où il va placer son bulletin de vote, surtout que chaque citoyen en âge de voter sera seul dans l’isoloir et en face de l’urne. Les dés sont déjà lancés depuis très longtemps. Ce terrorisme d’Etat contre la Société Civile et les partis d’opposition ne peut qu’enfoncer davantage le gouvernement vis-à-vis de ses adversaires politiques, aujourd’hui capables de s’organiser en coalition en vue de corriger sérieusement le Cndd-Fdd et ses alliés potentiels, au premier tour des prochaines présidentielles.

En tout cas, ni le comportement du Ministre de l’Intérieur vis-à-vis des partis d’opposition, encore mois celui des différents gouverneurs des provinces et des administrateurs communaux, y compris le Maire de la ville de Bujumbura, n’honore pas la démocratie au Burundi. Ils croient servir la cause de leur parti, le Cndd-Fdd, mais ils se discréditent constamment sous les yeux bien avertis du peuple burundais et de tous les représentants de la communauté internationale accrédités au Burundi. Certes, le Cndd-Fdd a toute la légitimité du monde pour organiser sa victoire pour 2010, comme il l’avait fait avec brio en 2005, mais ce que les autres acteurs politiques burundais et les activistes de la Société Civile ne veulent pas cautionner dans cette victoire négociée à tout prix, c’est de mener une concurrence déloyale et politiquement incorrecte dans cette bataille électorale où certaines têtes peuvent continuer à tomber.

D’après certaines analyses crédibles faites par des connaisseurs avisés de la situation burundaise, le Burundi risque de ne pas connaître des élections en 2010, suite à cette insécurité grandissante dans le pays, une insécurité entretenue en grande partie par des éléments de la Police Nationale du Burundi, souvent impunis et parfois protégés par leurs supérieurs après leurs forfaits ! Sans une protection spéciale pour les leaders de l’opposition, les jeux sont inégaux et aucun dirigeant politique de l’opposition ne pourra s’aventurer dans une campagne électorale où il pourrait y laisser sa vie. C’est pourquoi on murmure déjà dans certaines chapelles politiques burundaises qu’il faudrait songer à la mise en place d’un nouveau gouvernement d’union nationale, avec une mission précise d’organiser des élections libres, transparentes et démocratiques, ce qui apparaît comme une pilule amère pour le Cndd-Fdd, tant qu’il ne sera pas certain de les remporter.

Dr Yves Sahinguvu
A une année des prochaines élections, le comportement du 1er Vice-président de la République, le Dr Yves Sahinguvu, pour ne citer que lui, reste incompréhensible, lui qui a tous les moyens politiques nécessaires et constitutionnels pour éviter cette descente du Burundi aux enfers. Malheureusement il opte pour un silence complice et coupable, uniquement pour sauver son fauteuil ! Ce ventriotisme devenu chronique pour les leaders sortis des rangs des partis politiques autres que le Cndd-Fdd démontre que le Burundi manque cruellement des dirigeants politiques, capables de prendre en mains leurs responsabilités, tout en privilégiant la sauvegarde de leur honneur et de leurs convictions politiques fermes. On a en face de nous des simples demandeurs d’emplois politiques, susceptibles de les aider à joindre facilement les deux bouts du mois.

Si ce jeu continue ainsi, le Burundi aura de la peine à sortir de l’auberge. Entretemps, le Cndd-Fdd continuera sa marche en solo, la dictature va s’amplifier et on n’aura que nos yeux pour pleurer. Mais en tout cas, le Burundi mérite mieux et malgré son discours officiel, la démocratie, la tolérance et la liberté restent une denrée très rare dans les rangs du Cndd-Fdd. Mais jusque quand ?

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