Assassinat d’Ernest MANIRUMVA : IWACU mène l’enquête

Source : iwacu-burundi.org, 09/6/2009

Il s’appelait Ernest Manirumva. Vice- président de l’OLUCOME, Manirumva militait activement contre la corruption. Une Commission d’enquête mise en place après l’assassinat tarde à remettre son rapport et les associations de la société civile s’impatientent. Elles connaissent ce refrain, « baracabitohoza » (les enquêtes sont en cours) qui clôture tant d’assassinats dans notre pays. Une marche pacifique des associations de la société civile qui voulaient protester contre l’impunité a été interdite par les autorités.

I. LES HYPOTHESES DE LA SOCIETE CIVILE

Des sources proches de la société civile évoquent l’élimination d’un officier de police qui serait lié à l’assassinat de Manirumva. Les circonstances de sa mort intriguent. Dans la foulée de l’élimination de Manirumva, un certain « Sésé », informateur au Service National des Renseignements a été exfiltré vers un pays occidental. Deux pistes intéressantes pour l’enquête.

Selon des sources proches de la société civile, la première personne soupçonnée d’être liée à l’assassinat d’Ernest Manirumva, serait le Capitaine Pacifique Ndikuriyo. Celui-ci faisait partie de la garde présidentielle depuis 2005. Il a été assassiné par des hommes en armes le 30 avril chez lui à la 11ème avenue au quartier Mutakura dans la commune urbaine de Cibitoke. C’était vers minuit moins le quart. D’après ces sources, il aurait été tué pour effacer toute trace de remonter au meurtre d’Ernest Manirumva.

Des proches de feu capitaine Pacifique Ndikuriyo sont d’un avis concordant : « Pacifique représentait un danger pour certains hauts cadres de ce pays. Il a été abattu parce qu’il en savait trop sur l’assassinat d’Ernest Manirumva. » Selon un de ses proches, l’opération de liquider Manirumva avait été confiée au départ au capitaine Ndikuriyo et ses hommes. « On lui avait demandé d’aller avec son unité pour accomplir cette sale besogne. Mais il a refusé. Ce refus lui a coûté sa vie. » L’un des amis de feu Pacifique Ndikuriyo revient sur l’élimination de l’officier ce 30 avril : « Ce jour- là il m’a dit qu’il se allait à la police pour demander une feuille de route parce qu’il devait se rendre à Ngozi le lendemain pour y suivre une formation des OPJ. Je lui ai téléphoné à 11 heures et m’a dit qu’il avait eu sa feuille de route et m’a demandé de le rejoindre en ville. Nous avons partagé un repas et un verre avec des amis. Il est ensuite rentré chez lui. »

Arrivé à la maison vers 15 heures, Pacifique Ndikuriyo "est passé à table mais a mangé trop peu. Il a plutôt préféré se reposer", a indiqué un témoin immédiat. Il a ensuite fait une sieste jusqu’à 18 heures. Il s’est réveillé et il est allé prendre une douche : « Mais il m’a confié qu’il ne se sentait pas bien et il m’a dit qu’il allait rendre visite à son ami à la 13ème avenue », témoigne encore ce proche. Le capitaine Pacifique Ndikuriyo est retourné chez lui à 23 heures et 20 minutes. Un de ses agents de transmission (AT) communément appelé « Mwarabu » n’était plus à son poste. Pendant ce temps, d’après une source proche de la famille, sa femme a essayé de faire dormir leur bébé de quelques mois : « Il est allé dans la chambre et a dit qu’il sortait prendre de l’air avec ses gardes », a confié une autre source proche de la famille. Pacifique Ndikuriyo se doutait-il de quelque chose ? Pour cette source, cela a semblé surprenant : « Ce jour là, il a pris son kalachnikov, alors que souvent il restait dehors avec seulement son pistolet. » Arrivé dehors, il aurait demandé au garde resté sur place où était son collègue. Celui-ci lui aurait répondu qu’il est allé en patrouille.

A 23 heures 45 minutes, des coups de feu retentissent. Pacifique Ndikuriyo vient d’être assassiné. Une demi-heure plus tard, la police arrive sur les lieux et évacue le corps du Capitaine Pacifique Ndikuriyo. Mais l’arme de ce capitaine disparaît. Elle sera retrouvée le lendemain à 6 heures du matin à la 13ème avenue. Selon des informations recueillies sur place, le soir du 30 avril, une camionnette avec une plaque de la police a fait des mouvements de va et vient entre la 8ème et la 12ème avenue vers 21 heures. Cette camionnette y déposait des policiers. Une autre source nous a révélés que « Mwarabu », le policier affecté à la garde de Pacifique Ndikuriyo a été vu avec un groupe de six policiers qui seraient responsables de l’attaque chez l Capitaine.Beaucoup de questions restent cependant sans réponse. Pourquoi Mwarabu a déserté son poste ? Pourquoi le garde resté sur place n’a jamais essayé de protéger son patron ripostant aux tirs des tueurs alors que son chef a eu le courage de répliquer. Il aurait confié à certains que vu l’effectif des assaillants, il a pris peur et s’est caché. Les deux gardes sont actuellement incarcérés au BSR et des enquêtes ont débuté mais aux yeux des proches du Capitaine Pacifique, ces enquêtes n’avancent pas du tout.

La piste « Sésé »

L’autre personne pointée du doigt par des organisations de la société civile dans l’assassinat du vice-président de l’OLUCOME est un certain Gabriel Nduwayo, alias « Sésé ». Selon plusieurs sources proches de la Documentation, « Sésé » était très lié aux services des renseignements. « Il n’avait pas de fonction précise à la Documentation mais il y venait souvent, nous croyons qu’il effectuait des missions ponctuelles secrètes. » D’après ces sources, Gabriel Nduwayo avec un ordre de mission de l’OCIBU aurait déjà quitté le Burundi le 14 avril avec la délégation de l’OCIBU pour participer à une foire à Atlanta aux Etats-Unis d’Amérique. Il aurait bifurqué depuis lors au Canada. Interrogé par Iwacu, le directeur général de l’OCIBU a nié cette information.

Selon lui, l’OCIBU a été représentée par Longin Muyuku, directeur administratif et financier, Pascal Girukwishaka, directeur économique et Alexis Bizimana, chef de laboratoire SODECO- Songa. En tant que société mixte, cet ordre de mission a été signé par le président du Conseil administratif et Gabriel Nduwayo ne figurait pas sur cette liste. Mais une info est certaine. Gabriel Nduwayo, alias « Sésé » est sorti du Burundi pour un pays occidental. Sous quel nom a-t-il eu son visa ? Avec quel ordre de mission ? Avec la collaboration des ambassades occidentales au Burundi, il y a moyen de faire le tracing de l’itinéraire de « Sésé » vers l’Occident. Son cas rappelle un peu celui du Colonel Vital, impliqué dans les massacres de Muyinga qui s’est volatilisé.

II. LA DERNIERE JOURNEE D’ERNEST MANIRUMVA

8 heures-16 heures

Ernest Manirumva se présente vers 8 heures du matin au ministère de l’Agriculture et de l’élevage. Une journée ordinaire. Coordinateur et négociateur auprès des bailleurs dans un projet d’appui dudit ministère, Ernest Manirumva y possède un bureau situé au quartier Kigobe. Liboire Ngendahayo, son chef direct se souvient : « Il est arrivé ici le matin comme d’habitude et il a travaillé jusqu’à 16 heures puis il est parti. »

16 heures-18 heures

Iwacu n’a pas pu trouver son emploi du temps durant ces 2 heures.

18 heures

Iwacu a pu reconstituer l’emploi du temps d’Ernest Manirumva à partir de 18 heures. Le vice-président de l’OLUCOME s’est rendu au bureau de l’association où il devait assister à une réunion de travail avec ses collègues. Mais finalement, il n’a pas assisté à cette rencontre. Il ne se sentait pas bien. Gabriel Rufyiri, président de l’OLUCOME confirme : « il est arrivé vers 18 heures et m’a dit qu’il ne se sentait pas bien. Il m’a confié qu’il voulait aller se faire masser. »

18heures-21 heures

Est-ce qu’Ernest Manirumva est parti finalement « se faire masser » ? Où ? Iwacu ne peut pas confirmer. A l’OLUCOME aussi. On ne sait donc pas ce que faisait Ernest Manirumva entre 18 heures-21 heures .

21h-23h30

Iwacu retrouve la trace d’Ernest Manirumva au bar communément appelé « chez juge rouge », un bistrot du quartier Mutanga sud où la victime habitait. Le vice-président de l’OLUCOME a partagé un verre avec trois amis. « Quand il arrive, un de ses amis lui a proposé un verre. La gérante du bar lui en a offert aussi deux », confie une source qui a demandé de garder l’anonymat. Selon celle-ci, à 23 heures et demie, les quatre personnes sont parties au même moment. Parmi les quatre personnes, deux avaient un véhicule. Ernest Manirumva a pris l’une dans sa voiture une des personnes présente au bar pour le déposer chez lui avant de rentrer à la maison. Les deux autres sont partis dans l’autre voiture.

23 heures 30 - 1h

A partir de son départ du bar dit « Chez Juge Rouge » à 23 h 30, Iwacu n’a pas pu reconstituer l’itinéraire d’Ernest Manirumva. Vers 1 heure du matin, Emmanuel Ndikumana, le domestique de la propriétaire de la maison qu’Ernest louait sa maison, est réveillé par des bruits inhabituels. Il essaye de s’approcher de l’appartement d’Ernest Manirumva. Il remarque 8 individus tous armés des kalachnikovs. Quatre d’entre eux portent des tenues policières. « Je les ai vus. Ils étaient sur le point de sortir. Je suis alors parti réveiller le fils de ma patronne. » X…, le fils de la patronne est du même avis : « Pour ne pas faire du bruit, j’ai téléphoné à ma mère. Elle s’est réveillée et nous avons essayé de regarder à travers la fenêtre vers l’appartement d’Ernest Manirumva. Mais nous n’avons rien vu. Maman a ensuite proposé à Emmanuel le domestique d’aller encore se coucher, mais celui-ci avait tellement peur qu’il a refusé de bouger. Nous lui avons offert le canapé du salon et il y a passé le reste de la nuit. » Il était vers 1H 30.

Jeudi 9 avril, macabre découverte

Au matin du 9 avril, stupeur et consternation : le corps sans vie d’Ernest Manirumva est retrouvé étendu près de sa voiture dans son garage. « Ce jour là, j’avais un examen à passer. Je me suis réveillé tôt à 6 heures du matin et me suis préparé pour aller à l’école. C’est notre domestique qui m’a montré la scène macabre », confie X… un jeune voisin. Selon lui, Ernest Manirumva gisait dans son garage. Il portait une chemise jaune et un pantalon en tissu de couleur kaki. Une chaussure manquait sur son pied droit. Des voisins sont vite alertés. X accourt prévenir les membres de sa famille notamment sa tante et la sœur d’Ernest Manirumva étudiante au campus Mutanga. Les médias ne tardent pas à arriver sur les lieux. Sur son corps, plusieurs coups de couteaux sont constatés. Des plaies béantes sont visibles. Les clés de sa maison sont sur sa jambe gauche au niveau de la poche. D’après une personne qui a vu la dépouille mortelle d’Ernest Manirumva, il aurait subi aussi un traumatisme crânien. A côté des documents éparpillés dans sa chambre, on y a trouvé des traces de sang. Un dossier vide maculé de sang est retrouvé sur son lit. Une fenêtre était ouverte, des objets étaient renversés. Mais d’après une source proche de sa famille, les assassins ont voulu simuler un cambriolage qui aurait mal tourné. Selon une source proche de la société civile, trois types de dossiers ont été dérobés chez Ernest Manirumva. Ce jour là, on constate aussi que la porte de son bureau au ministère de l’Agriculture a été forcée. Son ordinateur a été allumé et des dossiers ont disparu. Là aussi même scénario : des traces de sang partout, des papiers éparpillés, ce qui laisse supposer que les tortionnaires l’ont conduit à son bureau pour y chercher des dossiers avant de le tuer.

III. DES DOSSIERS EXPLOSIFS

Selon des sources proches des milieux de la société civile qui suivent de près cette affaire, Ernest Manirumva travaillait sur des dossiers très sensibles. Ceci expliquerait la sauvagerie avec laquelle il a été tué.

Ernest Manirumva travaillait sur le dossier des effectifs fictifs au sein de la police nationale. Ces listes fantômes ont englouti des sommes colossales. Selon des sources proches des associations de la société civile, des policiers n’ayant jamais existé figuraient sur la liste des agents de la police et cela depuis 2005, date de la création de la PNB. D’après les mêmes informateurs, Ernest Manirumva était sur le point de révéler comment des salaires et autres frais ont été versés à des personnes qui n’existent que sur le papier.

L’affaire d’un chèque n°164219 d’un montant de 104.849.456 Fbu émis le 13 avril 2007 par le ministère de la Défense Nationale au profit des policiers qui étaient dans l’ancienne gendarmerie et même dans l’ancienne armée. Il s’agit des prélèvements de 1,5% faits sur les salaires de ces hommes à partir de 2000 pour la Caisse de Solidarité des Militaires (CASOM). Cette somme a été versée sur le compte n° 3010015165-01-59 ouvert à la BANCOBU sous le nom de ASSOSI/PNB. Cet argent serait arrivé dans les caisses de la police pour que les ayants droit puissent en bénéficier. Mais selon ces associations, cette somme a été détournée. Interrogé, le porte-parole de l’armée, Adolphe Manirakiza confirme que cette somme a été effectivement payée. « Si elle n’est pas parvenue aux bénéficiaires, cela ne relève plus du ministère de la Défense et des Anciens combattants. » Interrogé aussi, Pierre Chanel Ntarabaganyi, porte parole de la police, n’a pas voulu s’exprimer sur ce sujet.

L’autre dossier qui aurait condamné Ernest Manirumva est celui des arbres fruitiers plantés à travers tout le pays par la Présidence de la République. Selon nos sources proches de la société civile, cette politique de plantation d’arbres fruitiers est un gaspillage d’énergies et d’argent. « La présidence finance son programme de plantation d’arbres fruitiers avec les 2 milliards de Fbu dédiés à l’appui aux bonnes initiatives alors que cette politique est du domaine du ministère de l’Agriculture et de l’Elevage », évoque une source qui a gardé l’anonymat. Rappelons que ces fonds servent aussi à financer l’achat du matériel de construction pour des écoles et des infrastructures sanitaires.

D’après toujours des sources fiables, cette politique ressemble, à s’y méprendre, à celle de reboisement du ministère en charge de l’eau, de l’environnement et l’aménagement du territoire et de l’urbanisme qui a, par ailleurs, reçu aussi 2 milliards de Fbu comme budget pour son programme de reboisement. Sans oublier les 500 millions de Fbu alloués au ministère de l’Agriculture en vue de disponibiliser des semences maraîchères et plants fruitiers. Bref, c’est ce dossier flou que s’apprêtait à dénoncer Ernest Manirumva. Par ailleurs, des personnes avisées affirment en outre que des plants ont été déjà fournis sans aucun appel d’offre à concurrence, violant ainsi la loi réglementant la passation des marchés publics. D’après ces sources, on donne de l’argent à des amis pour qu’ils achètent des graines, des sachets pour des pépinières. Les plants seront achetés plus tard par les mêmes qui ont financé la création mais cette fois-ci, à un prix cinq fois ou largement supérieur au prix habituel. Contacté par la rédaction d’Iwacu, le porte-parole du chef de l’Etat, Léonidas Hatungimana s’est refusé à tout commentaire mais a promis « une conférence de presse » pour bientôt.

Le dernier dossier susceptible d’avoir causé la mort du vice-président de l’OLUCOME, est celui des nouvelles plaques de l’East African Community (EAC) dont le marché a été octroyé en dehors des règles régissant les marchés publics. Un homme d’affaires de la place a obtenu le marché. Rappelons qu’Ernest Manirumva a été assassiné alors qu’il venait d’être nommé vice-président de l’autorité de régulation des Marchés Publics par un décret présidentiel. Il aurait donc découvert des choses et selon ses collègues ce n’était pas un homme à se taire. La question qui reste : qu’est-ce qu’il avait découvert dans la passation de ce marché. Des enquêtes indépendantes devraient explorer aussi cette piste.

IV. ERNEST "L’ERMITE" ENGAGE (Portrait de MANIRUMVA)

Ernest Manirumva reste, pour ceux qui l’ont connu, une icône de la lutte contre la corruption. Un idéal poursuivi dans un calme imperturbable et guidé d’un caractère très réservé.

Brillant, laborieux, sage et pieux, tous ceux qui l’ont côtoyés depuis sa plus tendre enfance ou ses anciens collègues s’accordent à le dire : "Ernest Manirumva avait tout pour réussir dans la vie." Aîné d’une famille de six enfants, Ernest fait la fierté de sa famille. Depuis son entrée à l’école primaire de Shombo, sa colline d’origine, en province Muramvya, il ne connaît que le succès. Le calcul, l’orthographe et la grammaire sont des jeux d’enfants pour lui. Le concours national réussi en 1984, il est orienté à l’Ecole Normale des Garçons (ENG) de Gitega connue sous le surnom de Gacanga. Une école dirigée par des Frères de la Congrégation Saint Joseph, réputée pour sa rigueur. Toujours parmi les cinq premiers, il survole sa scolarité sans soucis. A l’Université du Burundi, l’Economie n’a plus de secrets pour lui. Une licence en poche, il devient un expert pour les questions de passations de marchés publiques. Un métier aussi juteux que périlleux dans ce Burundi miné par la corruption.

Le rôle d’arbitre lui va à merveille

Mais la quête du confort personnel ne l’intéressait pas. Il était connu pour son mépris de l’injustice et sa sérénité exceptionnelle. Rare sont ceux qui ont vu Ernest s’emporter face à des situations même compliquées. Très jeune, il préférait la compagnie des adultes aux jeux d’enfants. Cet attrait pour les discussions de sages l’avait formé. Il était très pacifiste, se souvient Protais Niyonzima, un ancien camarade de classe de l’ENG. Alors qu’ils étaient dans la même classe de Seconde Scientifique B, durant l’année scolaire 1990-1991, Protais se rappelle d’un incident révélateur. Les élèves de la cinquième année moderne D venaient de terminer leurs corvées d’épluchage des bananes. Ils ont tranquillement remis les couteaux de la cuisine qui ont été ensuite recomptés comme à chaque fois, simple routine, quand… un couteau disparaît ! Un fait, qui, dans un climat général de suspicion ethnique, à l’époque des premières attaques des FNL, a mis le lycée sens dessus dessous. Face à cet « événement », Ernest a gardé une position pacifiste. Un trait de caractère qu’il gardera toute sa vie. Protais confie qu’Ernest Manirumva jouait toujours le rôle d’arbitre. Une tante d’Ernest le témoigne : « Ernest même enfant était conciliateur. »

La corruption est une trahison

Malgré son calme inébranlable, il n’hésite pas à dénoncer la corruption et les ravages des détournements de fonds qui minent la société burundaise. De quoi s’attirer les foudres des faucons du pouvoir. Selon Richard Ntawe, un collègue et porte-parole de l’OLUCOME dont Ernest Manirumva assurait la vice-présidence, il a toujours incarné la Justice. Bien que poursuivant des cours différents, Richard Ntawe a connu son futur vice-président à la fac. Il avait déjà entendu parler de lui.

Originaire de la même commune (Shombo, province Muramvya), ils se rencontraient déjà lors des réunions de natifs de la commune. Mais si Richard s’intéresse à Manirumva c’est pour sa qualité de leaders. Il est membre du comité des sages de l’ASSER (Associations des Etudiants de Rumuri). Diplômes en poches, leurs chemins se croiseront plus tard au sein de l’OLUCOME. Selon Richard le dévouement d’Ernest au travail et son calme forcent le respect. Il est vite reconnu comme le « patriarche » de l’organisation. C’est lui qui tranche en cas de conflit. Il est écouté de tous et ses décisions ne sont jamais remises en questions. Pour Francine Nshimirimana, sa petite sœur, Ernest affichait une certaine autorité. Malgré cela, il n’hésitait pas à mettre la main à la pâte. Petite anecdote au signe du destin ; Ernest joue une pièce de théâtre intitulée « corruption égale trahison » lors d’une représentation à Ruyigi alors qu’il était lycéen. Lui et son camarade Protais jouent le rôle de voleurs et font passer un témoin pour le coupable, se souvient Protais, le regard perdu dans ses souvenirs. Une pièce qui les marquera pour la vie. Dans la vie, Ernest inverse les rôles et prend le parti de ceux qui dénoncent la corruption. Fidèle à ses convictions, Ernest refuse de trahir son peuple, les Burundais jusqu’à lui sacrifier la vie. A la fois discret et engagé dans la lutte contre les malversations économiques, Ernest est et restera une icône pour les futurs leaders ô combien absents sur ce vaste chantier de la lutte contre toute forme de malversation économique.

Quelques repères biographiques :

* 1991-1995 : Licence à l’Université du Burundi (Faculté des Sciences économiques et Administratives) ;

* 1998-2002 : Professeur au Lycée SOS, section économie ;

* 2002-2005 : Secrétaire Exécutif de l’Association des Industriels du Burundi (AIB) et de l’Association des Employeurs du Burundi (AEB) ;

* 2003-2004 : Professeur vacataire à l’Université de Kiremba ;

* 2005-2006 : Conseiller principal chargé des questions économiques à la 2ème Vice-présidence de la République du Burundi ;

* Chef de cabinet ad intérim à la 2ème Vice- présidence pour les mois de décembre 2005 et juin 2006 ;

*2005 : Observateur neutre des élections politiques du Burundi ;

* 2007-2008 : Chargé de l’analyse des politiques économiques à l’ONG ACCORD ;

* 2007-2009 : Vice-président de l’OLUCOME ;

* 2008-2009 : Expert en coordination et négociation au PAI / MINAGRIE

Commentaires

Anonyme a dit…
Vous avez vraiment essayé de creuser, félicitations
Anonyme a dit…
L'important n'est pas de mourir puisqu'après tout chacun finira par mourir de quelque chose. Mais l'important c'est que lui il est mort en brave. Il a su défendre sa conviction de justice même au prix de sa vie.Malheureusement, ce sont les laches et les corrompus qui apparemment l'emportent toujours. Mais grace à l'exemple de Manirumva,il va y avoir de plus en plus de gens qui vont bientot faire tomber le rideau. ces acteurs occultes et leurs anges de la mort seront découverts et jugés.Personne d'eux ne partira paisiblement ds la tombe,ils devront d'abord gouter à la coupe amère du déshonneur et de la disgrace.Corrompu où que tu sois tu es la honte du Burundi,l'agent cancérigène de l'Afrique et saches que tu lègues à tes enfants non une fortune mais le sang des pauvres vulnérables,le cri des orphélins,les gémissements des malades qui auraient pu être soignés,.....!












































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