UPRONA : Le changement est-il possible ?

Source: Iwacu-burundi.org, 06/5/2009

Le Congrès extraordinaire du parti prévu ce 29 mars n'a pas eu lieu. En cause des enjeux électoraux de 2010.


Le report du congrès national extraordinaire du parti Uprona à une date inconnue suscite la polémique : « Les statuts du parti doivent être respectés avec rigueur: Ceux qui en ont peur n'ont pas confiance en eux-mêmes. En plus, tout Mudasigana a le droit d'élire et de se faire élire", explique Bonaventure Gasutwa, président de l'aile dite « Mukasi. » Ce congrès national extraordinaire viserait la réunification de l’UPRONA au niveau national ainsi que la mise sur pied de nouvelles instances. .

La Mairie brouille les cartes…

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Kumugumya, le siège de l'UPRONA
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8 janvier courant se tiennent des élections des secrétaires du parti en Mairie. Les candidatures sont multiples et le vote est secret conformément aux statuts. A l'issue du scrutin, une surprise générale: Poppon Mudugu gagne les élections. Ce "Mutingingwa"(membre de l'aile Mukasi) l'emporte sur l'ancien maire, Pontien Niyongabo, de l'UPRONA institutionnel dit "Kumugumya." Même le deuxième secrétaire, Abel Gashatsi, n'est pas très connu dans les structures du parti. Ce vote-test n'a pas rassuré les dinosaures du parti du héros de l'Indépendance. De nouveaux visages ont surgi. Le comité exécutif de l'UPRONA institutionnel se réunit jeudi 9 avril à la permanence nationale du parti pour analyser le rapport de la cellule mixte d'harmonisation des textes. Les participants ont trouvé que le problème du blocage réside au niveau du leadership du parti. C'est ainsi que le comité aurait proposé de discuter la provenance du président du parti et de son adjoint. Selon une source de l'UPRONA institutionnel, le président devrait provenir de Kumugumya et son second de l'aile Mukasi. D'après un partisan du "courant de changement"(un groupe d’une nouvelle génération qui émerge des deux camps du parti pour le changement), une telle approche doit être globale: " S'il faut des discussions sur le leadership, c'est pour tout le comité exécutif et non la provenance des seuls président et son vice. Sinon, c'est un simple collage." Pour Bonaventure Gasutwa, président de l'aile dite de l'opposition, les candidatures doivent être multiples et le Congrès est souverain. Il s'oppose également à la théorie des dignitaires, défendue par l'aile institutionnelle, qui doivent appartenir au comité exécutif. Selon lui, ces derniers devront représenter leurs provinces d'origine. Il ajoute que l'UPRONA est un parti politique et non un club ou une clique. Aloys Rubuka, président de l'UPRONA institutionnel, se réserve sur ce dossier. D'après lui, il y a une commission mixte qui s'en occupe. Il faut attendre son rapport pour s'exprimer sinon, dit-il "c'est de l'escalade. C'est mettre la charrue avant les bœufs."


Y aurait-il une main du parti au pouvoir?

" Le Parti au pouvoir veut phagocyter l'UPRONA. Il veut composer avec une direction qui lui est docile. Mais nous nous y opposons catégoriquement", insiste un membre qui se réclame du courant de changement. Certes l'UPRONA est le principal parti d'obédience tutsi. Déjà, malgré les querelles internes, il a pu avoir 15 députés dans les derniers scrutins. Avec la réunification, il pourrait en avoir plus. Or, la Constitution de la République, telle qu'elle stipule, montre que ce parti reste un partenaire privilégié. L'article 124 et 129 précisent respectivement que"…Les vice-Présidents appartiennent à des groupes ethniques et des partis politiques différents" et "les membres du Gouvernement proviennent des différents partis politiques ayant réuni plus d'un vingtième des votes." D'après une source du courant de changement, un haut responsable du CNDD-FDD aurait affirmé que l'UPRONA serait un partenaire potentiel pour les élections de 2010. "La coalition est possible. Mais, la direction doit être rassurante", aurait-il ajouté.

Le groupe qui rassure… Equation compliquée!


Au lendemain du scrutin de 2005 qui a vu la victoire du CNDD-FDD, Aloys Rubuka, Dr.Martin Nduwimana et Térence Sinunguruza sont les hommes forts de l'UPRONA. Ils sont respectivement président du parti, premier vice-Président de la République et président du groupe parlementaire UPRONA à l'Assemblée Nationale. Le trio n'a pas gêné les "Abagumyabanga" (membres du parti au pouvoir). Plus tard, certains Upronistes les accuseront de complices du pouvoir quand l'ancien vice-Président de la République, Alphonse Marie Kadege, - l'idéologue du parti- sera emprisonné. Ils ont refusé de démissionner pour protester contre les tortures infligées à leur camarade. Avec le Congrès national, il est difficile que ce groupe soit reconduit. Selon une source anonyme proche de Kumugumya, les dirigeants actuels auraient opté pour deux manœuvres: bloquer le processus de réunification en cours, ou instaurer le système des primaires séparés où chaque camp désignerait son candidat pour être acclamé par le Congrès comme président ou son vice de l'UPRONA réunifié. Cette source rappelle que lors des élections qui ont conduit au choix d'Aloys Rubuka comme président du parti, le suffrage n'était pas limitatif: "Cinq candidats se sont présentés. Tout le monde a élu et le vote était secret. Pourquoi faut-il changer ?" En plus, poursuit-elle, une telle démarche conduirait au bicéphalisme à l'UPRONA. D'après Bonaventure Gasutwa, ceux qui soutiennent les primaires ne sont pas populaires au sein du parti: Un bon responsable doit être élu par tout le monde." Il trouve que leur peur n'est pas fondée car 16 des 18 premiers secrétaires provinciaux sont tous de l'UPRONA institutionnel. La situation est tellement complexe qu'une source de l'aile institutionnelle -pro le courant de changement- précise qu'Aloys Rubuka devrait assurer les affaires courantes, car,continue-t-elle "il a terminé son mandat le 7 février de cette année."

par Léandre Sikuyavuga

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